MULHOUSE, Haut-Rhin, 28 février (Reuters) - Une entreprise allemande en passe d?acheter un terrain pour s?implanter en Alsace a fait inscrire dans le contrat de vente qu'il deviendrait caduc si le prochain président français manifestait des velléités de sortir son pays de l?euro, a-t-on appris auprès d?un des négociateurs du dossier.

La société, une entreprise cotée en bourse qui distribue des pièces automobiles sur internet, prévoit d?investir 80,4 millions d?euros, dont 5,4 pour le foncier, dans un centre logistique de 100.000 mètres carrés à Ensisheim (Haut-Rhin), une commune proche de Mulhouse.

L?opération devrait se traduire par la création de 300 emplois à terme.

"Si le prochain président français ou son gouvernement devait faire une déclaration remettant en cause la position de la France dans la zone euro, l?acheteur pourrait remettre en cause l?opération", stipule une clause de sauvegarde introduite dans le contrat signé vendredi dernier.

Cette clause est valable jusqu?au 31 décembre 2017.

Deux candidats à la prochaine élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, proposent de sortir des traités de l?Union européenne, la seconde étant donnée par les sondages comme ayant toutes les chances de disputer le second tour.

"(Les Allemands) sont méfiants et je les comprends. Ça va être une catastrophe si le Front national passe", a déclaré à Reuters Gilbert Vonau, maire de Biltzheim et vice-président chargé de l?économie au sein de la communauté de communes Centre-Haut-Rhin qui va accueillir l?investissement.

Les Allemands sont traditionnellement les premiers investisseurs étrangers en Alsace. Contacté par Reuters, le conseiller régional Front national du Grand-Est, Thomas Laval, a réagi sans état d?âme.

"La démocratie et le pouvoir politique n?ont pas à se soumettre au chantage d?une entreprise", a-t-il dit, ajoutant que "ça prouve que l?élection de Marine (Le Pen) est de plus en plus probable". (Patrick Genthon, avec Gilbert Reilhac à Strasbourg, édoité par Yves Clarisse)