C'était pas la joie hier sur les marchés actions, qui ont encaissé une seconde séance consécutive de contraction après que la banque centrale américaine a maintenu une ligne dure sur sa politique monétaire. Les investisseurs, eux, avaient espéré un discours plus favorable à leurs petites affaires. Concrètement, le marché a été contraint de revoir à la hausse son pronostic du taux maximum que la Fed devra mettre en œuvre avant de faire une pause. Ce taux est désormais fixé autour de 5,1% et est attendu au milieu de l'année prochaine. Actuellement, en intégrant la hausse de 75 points de base intervenue mercredi, les taux américains sont dans une fourchette 3,75 à 4%. Il en manque donc encore. Il faut ajouter à cela le fait que cette échéance et ce niveau de taux putatif sont encore un peu trop mouvants au goût des financiers, qui préféreraient que la route soit droite, malgré la forte pente, pour employer une raffarinade célèbre. Pour que les projections gagnent en solidité, il faudrait que la visibilité sur les conséquences du gloubi-boulga inflation, géopolitique, croissance et pénuries en tous genres soit meilleure. Et cette visibilité, les banques centrales ne sont pas encore capables de l'améliorer, que ce soit aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Europe ou ailleurs. En gros, personne ne sait s'il faudra monter à des taux inédits depuis des décennies pour reprendre le contrôle de l'inflation, ou si les banques centrales se plantent gravement et risquent de détruire la dynamique économique.

Retour de la morosité donc sur les marchés actions en milieu de semaine, avec des rendements obligataires assez tendus, même s'ils ne sont pas sur leurs pics récents. Le S&P500 américain, qui est sur une série de quatre baisses consécutives, a cédé 4,6% depuis la clôture de vendredi dernier. Même configuration, en pire, pour le Nasdaq 100, qui affiche un cinglant -7,4% et qui a reperdu la quasi-totalité des gains des deux semaines précédentes de rebond. En Europe, la résistance est bien meilleure : le Stoxx Europe 600 est presque à l'équilibre sur la semaine. Bon, c'en est presque suspect vu la tête des données macroéconomiques récentes du vieux continent, mais cela s'explique aussi par la taille riquiqui de son secteur technologique, ou par le surdimensionnement de ce compartiment encore sévèrement attaqué aux Etats-Unis. La constante de l'année 2022, qui ne doit pas réjouir les pourfendeurs d'énergies fossiles, c'est que le seul vrai havre de paix est le secteur pétrolier.

Bref, la fin de semaine boursière ne s'annonçait pas très agréable jusqu'à ce que les marchés chinois deviennent fous ce matin. Dans un grand accès de n'importe quoi, les valeurs technologiques cotées à Hong Kong se sont encore envolées, comme cela s'était produit lundi. A l'heure où j'écris, le Hang Seng, l'indice de Hong Kong, s'adjuge plus de 6%, tandis que son petit frère centré sur les valeurs de croissance, le Hang Seng Tech, s'offre 8,5% de gains, après avoir pris plus de 11% un peu plus tôt. Je prends soin de préciser que ces indices étaient "à la cave" dernièrement, pour reprendre une expression chère à mon plus proche voisin de bureau, Laurent Polsinelli. Les indices de Chine continentale leur ont emboîté le pas, en particulier le CSI300 qui bondit de 3,5%.

La flambée chinoise s'appuie à nouveau sur les rumeurs selon lesquelles le parti communiste va infléchir sa politique dite zéro-covid, qui entraîne de sévères dégâts sur la dynamique économique et sur la libre-circulation des personnes dans le pays. La rumeur est partie d'un obscur document diffusé sur les réseaux sociaux il y a quelques jours. Aux dernières nouvelles, un comité aurait été mis en place pour envisager un assouplissement en mars prochain. C'est la version moderne du "on s'autorise à penser dans les milieux autorisés" chère à Coluche. Le mouvement a été amplifié par les informations selon lesquelles la mission d'audit des autorités américaines pour s'assurer que les entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis respectent les meilleurs standards comptables s'est terminée plus tôt que prévu. Une nouvelle que les financiers ont immédiatement traduite en "les choses se sont bien passées", entraînant une ruée d'autant plus prononcée sur les grands groupes technologiques chinois dont les actions ont été laminées ces derniers mois.

Pendant ce temps, les résultats d'entreprises continuent à tomber dru, même s'ils ne semblent avoir qu'une influence un peu secondaire par rapport à la grande mécanique monétaire à l'œuvre actuellement. Ou plutôt, comme il n'y a pas de catastrophes et que les sociétés cotées ont l'air de parvenir à passer entre les gouttes des malheurs du monde, l'influence de cette saison de publications est relativement neutre. Hormis peut-être pour le compartiment technologique, dont les résultats ont ébranlé la certitude des investisseurs sur sa capacité à être une vache à lait éternelle. On a ce matin la Société Générale, Telefonica, Intesa ou RTL Group en Europe, après Starbucks et PayPal plus tôt dans la nuit. Le rendez-vous macro du jour est programmé à 13h30 avec les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis en octobre. La surchauffe du marché du travail outre-Atlantique est l'une des raisons pour laquelle la Fed ne peut se permettre d'être plus souple dans la politique monétaire. En ce sens, des chiffres trop robustes risquent de renforcer la déprime des marchés actions. Alors qu'une bonne vieille statistique dégradée ravirait les investisseurs. Dit comme ça, c'est presque immoral. Mais c'est ainsi que fonctionnent les marchés financiers actuellement : tout ce qui pourrait faire plier l'intransigeance des banques centrales est bon à prendre.

Grâce au réveil chinois, les indicateurs avancés occidentaux sont repassés dans le vert. Les places européennes devraient ouvrir en hausse. En Asie-Pacifique hors Chine, le bilan est plus mitigé. Le Japon perd plus de 1% parce que la bourse était fermée pour un jour férié hier et qu'il faut répliquer ce qui s'est passé ailleurs. L'Australie et la Corée profitent en revanche de la force de traction des actions chinoises pour clôturer la dernière séance de la semaine dans le vert. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,87% non loin des 6300 points.

Les temps forts économiques du jour

La principale statistique du jour est la donnée sur l'emploi en octobre aux Etats-Unis, attendue à 13h30. Tout l'agenda macro ici.

L'euro recule encore 0,9782 USD. L'once d'or reprend quelques dollars à 1641 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 95,53 USD le baril et un brut léger américain WTI à 89,11 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte 4,13%. Le bitcoin se négocie autour de 20 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AMS-Osram : Research Partners reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 6,50 à 6 CHF.
  • Barry Callebaut : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 2050 CHF.
  • Basic-Fit : Berenberg passe de vendre à conserver en visant 26 EUR.
  • BMW : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 95 EUR.
  • BNP Paribas : RBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 65 à 67 EUR.
  • CGG : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 0,91 EUR.
  • Geberit : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 570 à 555 CHF.
  • Holcim : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 56 à 59 CHF.
  • Interpump : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 57 à 53 EUR.
  • Kahoot : SpareBank passe de neutre à achat en visant 22 NOK.
  • Lonza : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 740 à 700 CHF.
  • Novozymes : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 540 à 450 DKK.
  • Publicis : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 61 à 70 EUR.
  • Royal Vopak : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre en visant 23 EUR.
  • Severn Trent : Morgan Stanley passe de pondération en ligne surpondérer en visant 3200 GBp.
  • Spie : Jefferies reprend le suivi à conserver en visant 24 EUR.
  • United Utilities : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 990 GBp.

En France

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Eiffage : le chiffre d'affaires du T3 est en hausse de 7,3% et permet de confirmer les objectifs annuels.
  • Euronext : les comptes du troisième trimestre reculent, mais la société confirme ses objectifs.
  • Neoen : la prévision d'Ebitda annuel est relevée.
  • Société Générale : le bénéfice net dépasse les attentes au T3.
  • Spie : objectif de croissance organique relevé pour 2022.
  • Teleperformance : le groupe relève ses objectifs 2022 après la publication de ses résultats trimestriels.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Kering serait en discussions avancées pour racheter la marque Tom Ford, selon le Wall Street Journal.
  • TotalEnergies engage une action judiciaire contre Greenpeace.
  • L'UE approuve le Beyfortus de Sanofi dans les infections par le VRS chez les nourrissons.
  • Engie produira principalement à l'étranger pour tenir ses objectifs de production d'hydrogène vert..
  • Les négociations entre Nissan et Renault se concentrent sur la manière d'optimiser leur investissement dans les véhicules électrique, a indiqué le Japonais.
  • Electricité de France abaisse son estimation de production nucléaire pour 2022 à 275-285 TWh.
  • L'OPRA sur 1,1 million d'actions Linedata a été déposée.
  • Méthanor investit 2 M€ dans Gaussin.
  • Altur lance une OPRA.
  • Drone Volt lève 1,8 M€ via un financement dilutif.
  • Teva a redéposé la demande de mise sur le marché de mdc-IRM, dont Medincell est partenaire.
  • Cybergun prend le contrôle de Verney-Carron.
  • Autres publications : ALD, JCDecaux, Hopscotch, Hexaom, Cellectis, Believe, PCAS, DBV Technologies, Unibel

Dans le monde

Résultats des entreprises (les indications sont données à chaud et ne préjugent pas de l'orientation des actions)

  • Coinbase : l'action reprend 5% hors séance après les trimestriels.
  • DoorDash : le titre bondit de 11% hors séance après la publication de résultats meilleurs que prévu au T3.
  • Leonardo : les objectifs annuels sont relevés après de bons chiffres au T3.
  • PayPal : l'action s'enfonce de 10% après la révision en baisse des objectifs annuels.
  • Starbucks : le titre gagne 2,4% hors séance après la publication de ses trimestriels.
  • Telefonica : confirme ses objectifs malgré un bénéfice en baisse.

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures