MARRAKECH, Maroc, 3 novembre (Reuters) - Celui qui prend un vol aller-retour entre New York et l'Europe ou bien parcourt 4.000 kilomètres en voiture fait fondre à lui seul trois mètres carrés de banquise de l'océan glacial Arctique, selon une étude publiée jeudi, qui établit un lien direct entre les émanations de dioxyde de carbone et le rétrécissement des glaces du Grand Nord.

Les scientifiques allemands et américains qui ont élaboré ce rapport ont conclu, en étudiant les tendances à long terme de la banquise de l'Arctique depuis les années 1950, que le pôle Nord serait libre de glace au milieu des années 2040, si le niveau des émissions de gaz à effet de serre ne diminue pas.

Chaque passager qui prend un vol aller retour New York-Europe ou chaque personne qui fait 4.000 kilomètres en voiture dégage dans l'atmosphère une tonne de dioxyde de carbone, conclut cette étude.

D'ordinaire, les scientifiques parlent en termes plus abstraits de milliards de tonnes de gaz à effet de serre. "Ici, tout est ramené à l'action d'un individu", dit à Reuters l'auteur principal de l'étude, l'Allemand Dirk Notz, de l'Institut Max Planck.

En septembre 2016, la surface de la banquise -- qui en est à son minimum annuel à pareille période de l'année -- a été de 4,14 millions de km² seulement, soit aussi peu qu'en 2007, et pas bien loin du record à la baisse constaté en 2012.

Selon l'étude, les objectifs assignés dans l'accord conclu lors de la COP21 fin 2015 à la conférence de Paris ne suffiront pas à enrayer la fonte des glaces. Les pays du monde entier se retrouvent pour la COP22 du 7 au 18 novembre à Marrakech, au Maroc, afin de définir les moyens de mettre en oeuvre l'accord conclu à Paris. (Alister Doyle; Eric Faye pour le service français)