PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'agence de notation financière Fitch Ratings estime que le processus de réforme de la zone euro devrait "rester lent" mais qu'il se poursuivra après les dernières élections européennes au cours desquelles les partis pro-européens se sont assurés une "large majorité".

"Le résultat des élections européennes, avec la majorité obtenue par les partis pro-européens laissent à penser que le processus d'intégration et de réforme de la zone euro ne va pas s'arrêter, il va se poursuivre et c'est un aspect pertinent, et potentiellement positif, pour notre évaluation de la notation souveraine" des pays de la région, a expliqué mercredi Michele Napolitano, analyste crédit en charge de la région Europe de l'ouest, lors d'une conférence de presse.

"Mais ce processus va rester extrêmement lent" car des dissensions sur la marche à suivre persistent entre les Etats membres de l'union monétaire, a ajouté Michele Napolitano.

Ces dissensions et la fragmentation accrue du parlement européens pourraient aussi rendre plus difficile un accord sur la nomination du prochain président de la Commission européenne puis du remplaçant de Mario Draghi à la tête de la Banque centrale européenne (BCE).

Parmi les Etats membres de la zone euro, les élections européennes ont eu un impact particulièrement marqué sur l'Allemagne et l'Italie.

En Allemagne, le score décevant du Parti social-démocrate (SPD) a entraîné la démission de sa présidente et fragilisé la coalition gouvernementale formée avec l'Union chrétienne démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel. "Ce qui se passe au niveau politique en Allemagne est pertinent pour l'Europe et le processus de réforme de la zone euro. Une nouvelle période d'instabilité politique pourrait entraîner de nouveaux retards dans le processus de réforme", a expliqué Michele Napolitano.

En Italie, la Ligue du Nord, le parti d'extrême-droite du vice-président du conseil des ministres Matteo Salvini, a enregistré une forte progression lors des élections européennes, devançant son partenaire au gouvernement, le mouvement antisystème Cinq Etoiles. Cette poussée de la Ligue pourrait entraîner des élections anticipées en Italie au second semestre 2019, Matteo Salvini cherchant à capitaliser sur son score aux européennes, a estimé Michele Napolitano.

Si la Ligue égalait son score au niveau national, elle obtiendrait plus aisément une majorité pour former un gouvernement, qui serait ainsi "plus stable et plus prévisible", estime l'analyste. Cependant, une telle situation comporterait également des risques car le futur gouvernement pourrait persister dans son approche conflictuelle des règles budgétaires de l'Union européenne (UE), a tempéré Michele Napolitano.

Par ailleurs, si elle a été contenue en Europe, la montée des partis populistes au niveau mondial pourrait accroître la pression politique sur les banques centrales, même quand ces institutions sont indépendantes.

"Dans ce contexte de montée du populisme, les politiciens mettent de plus en plus l'accent sur le fait que les banques centrales sont la réponse à tous leurs problèmes", a observé Brian Coulton, l'économiste en chef de Fitch Ratings. "Globalement, nous sommes un peu inquiets à l'idée que les banques centrales deviennent captives" de forces externes et dévient ainsi de leur trajectoire, a expliqué Brian Coulton.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; adore@agefi.fr ed: ECH

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