* Benalla est mis en examen pour violences en réunion, notamment

* Un employé de LaRem et trois policiers mis en cause

* Mutisme de l'exécutif, avant l'audition de Collomb lundi

* Les travaux de l'Assemblée nationale suspendus (Actualisé avec mises en examen)

PARIS, 22 juillet (Reuters) - Le premier acte judiciaire de l'affaire Benalla s'est clos dimanche avec la mise en examen de l'ex-homme de confiance d'Emmanuel Macron, accusé de violences en marge des manifestations du 1er mai à Paris, et de quatre autres suspects, parmi lesquels trois policiers.

Ce dossier qui, outre son volet judiciaire, fait l'objet d'une enquête administrative et d'une enquête parlementaire, plonge l'exécutif dans une tourmente politique sans précédent depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, qui a fait de l'exemplarité et la transparence les maîtres-mots de son mandat.

Le parquet de Paris a annoncé en début de soirée qu'Alexandre Benalla, 26 ans, ex-chargé de mission et ex-chef de cabinet adjoint à l'Elysée, était mis en examen de cinq chefs :

"Violences en réunion n'ayant pas entraîné d'incapacité totale de travail", "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique en accomplissant des actes réservés à l'autorité publique", "port et complicité de port prohibé et sans droit d'insignes réglementés par l'autorité publique", "recel de détournement d'images issues de la vidéoprotection" et "recel de violation du secret professionnel".

Il a été placé sous contrôle judiciaire et il lui est interdit d'exercer une fonction publique ou une mission de service public.

Vincent Crase, un gendarme réserviste salarié de La République en Marche qui se trouvait à ses côtés le 1er mai, est mis en examen pour "violences en réunion", "immixtion dans l'exercice d'une fonction publique" et "port prohibé d'arme".

DES IMAGES POUR ÉTAYER LA DÉFENSE DE BENALLA?

La justice s'est saisie de l'affaire jeudi au lendemain de révélations du journal Le Monde, qui a identifié Alexandre Benalla sur une vidéo amateur dans laquelle on peut le voir, coiffé d'un casque de police et entouré de CRS, frapper un jeune homme et malmener une jeune femme sur la place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement de Paris.

On le voit sur d'autres images portant un brassard de la police alors qu'il avait intégré ce jour-là le dispositif des forces de l'ordre à titre d'"observateur" dans des conditions encore mal définies.

Les deux manifestants, qui avaient alors été interpellés, ont été identifiés et ont demandé à être entendus ultérieurement par les enquêteurs, a-t-on appris samedi de source proche du dossier. Selon Libération, qui diffuse dimanche soir des images précédant ces scènes, le couple a jeté "violemment trois objets" contre des CRS, entraînant "l'intervention" d'Alexandre Benalla et Vincent Crase.

Les trois policiers mis en examen, un contrôleur général de la préfecture et deux commissaires suspendus depuis jeudi à titre conservatoire, sont soupçonnés d'avoir extrait illégalement puis communiqué des images de vidéosurveillance de la Ville de Paris montrant les scènes de la Contrescarpe à "une tierce personne" - en l'occurrence Alexandre Benalla.

Selon Le Journal du Dimanche, ce dernier aurait demandé et obtenu ses images pour étayer sa défense auprès des enquêteurs, à savoir qu'il en serait venu aux mains en vertu de l'article 73 du Code de procédure pénale qui autorise "dans le cadre de crime flagrant ou de délit flagrant toute personne (...) à en appréhender l'auteur et le conduire devant l'officier de police judiciaire le plus proche".

AUDITION DE GÉRARD COLLOMB LUNDI

Les fonctionnaires sont mis en examen pour "détournement d'images issues d'une vidéoprotection" et "violation du secret professionnel", notamment. Ils sont également placés sous contrôle judiciaire.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, dont le rôle et la responsabilité sont l'objet de spéculations, sera entendu lundi à partir de 10H00 par la commission d'enquête de l'Assemblée lors d'une audition publique. Il le sera mardi après-midi par la commission des Lois du Sénat, également constituée en commission d'enquête.

La présidence de la République, qui avait mis à pied Alexandre Benalla du 4 au 19 mai et suspendu son salaire après avoir été informée le 2 mai de ses agissements, a engagé vendredi une procédure de licenciement à son encontre.

Elle défend un traitement "proportionné" de cette affaire, dénoncée comme "un scandale d'Etat" par l'opposition de droite et de gauche, qui fragilise Emmanuel Macron et paralyse les travaux du Parlement.

Le chef de l'Etat ne s'est pas exprimé publiquement pour l'instant à ce sujet. Selon le JDD, il a parlé à Alexandre Benalla au téléphone après les publications du Monde. (Sophie Louet)