(Actualisé avec extension grogne policière)

PARIS, 8 octobre (Reuters) - La plupart des syndicats de police appellent les policiers à manifester mercredi devant le ministère de la Justice, place Vendôme à Paris, pour exprimer leur exaspération envers la justice, dont ils dénoncent les dysfonctionnements supposés.

L'attaque lundi d'un policier, grièvement blessé près de Paris par un malfaiteur qui avait bénéficié d'une permission de sortie a suscité la colère de l'ensemble des syndicats de police, dénonçant un "sentiment d'impunité".

Pour Unité SGP Police, "d'incohérentes" décisions de justice ont permis ces derniers jours "à plusieurs criminels de se retrouver en liberté et de commettre de nouveaux crimes et délits".

Au cours des quatre dernières semaines, quatre évasions se sont produites à l'occasion de permissions de sortie ou d'extractions médicales.

"Aujourd'hui, la confiance entre la police et la justice est largement entamée et nous considérons qu'il y a une véritable rupture entre les policiers et la justice", écrit le secrétaire général du syndicat, Yves Lefebvre, dans un communiqué.

Alliance, syndicat majoritaire chez les gardiens de la paix, se joint au mouvement "face aux attaques d'extrême violence dirigées contre les policiers et aux décisions de justice incohérentes et inacceptables".

Il demande aux policiers de manifester également devant tous les palais de justice sur tout le territoire national.

Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT, majoritaire chez les officiers de police, appelle lui aussi au rassemblement devant la Chancellerie, de même qu'Alternative police (CFDT).

"Des décisions législatives devront restaurer l'autorité des forces de l'ordre, représentantes de l'Etat, et prendre des mesures pour faire cesser les dysfonctionnements de la justice", écrivent-ils dans un communiqué commun.

La ministre de la Justice, Christiane Taubira, s'est déclarée mardi prête à modifier la législation applicable aux sorties de détenus, et notamment à faire escorter certains prisonniers pendant leurs permissions de sortie.

Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a précisé mercredi qu'une réflexion serait engagée autour du Premier ministre, Manuel Valls, pour "tirer toutes les conséquences" de la fusillade sanglante de Saint-Ouen.

Mais plusieurs syndicats dénoncent l'irréalisme de la proposition de Christiane Taubira d'escorter systématiquement, à l'avenir, certains détenus, lors de leurs permissions.

Le SCSI-CFDT s'alarme du fait que ces missions risquent d'incomber aux policiers, alors que ce n'est pas leur "coeur de métier". (Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)