PARIS, 18 août (Reuters) - Si la France fait face depuis fin 2021 à un nombre de démissions historiquement élevé, le taux de démission rapporté à la population salariée n'est pas inédit et la situation n'est pas comparable au phénomène de "Grande démission" observé aux Etats-Unis dans le sillage de la pandémie de COVID-19, conclut une étude de la Direction des études du ministère du Travail (Dares) publiée jeudi.

Aux Etats-Unis, la flambée des démissions intervenue depuis 2021 après les premières vagues épidémiques de COVID-19, des milliers de salariés quittant volontairement leur poste pour changer de travail, chercher un autre emploi ou se retirer de la population active, a été surnommée "Big Quit" ("Grande démission").

Mais en France, le niveau des démissions est actuellement "haut sans être inédit, ni inattendu compte tenu du contexte économique" de reprise post-crise sanitaire, constate la Dares dans cette étude.

Certains observateurs avaient évoqué un risque de "Grande démission" en France au vu du niveau "historiquement haut" des démissions depuis fin 2021 - près de 520.000 par trimestre, dont environ 470.000 démissions de contrats à durée indéterminée (CDI), contre environ 430.000 par trimestre fin 2019, avant la crise sanitaire.

Le précédent record avait été atteint au premier trimestre 2008, pendant la crise financière mondiale, avec 510.000 démissions dont 400.000 pour les seuls CDI, souligne la Dares.

Pour autant, en rapportant les chiffres à la population salariée française, le taux de démission en France, à 2,7% au premier trimestre 2022, s'est certes établi au plus haut depuis la crise financière de 2008-2009 mais il est resté inférieur au niveau de 2,9% atteint début 2008.

Dans la mesure où le taux de démission est un indicateur cyclique - qui baisse pendant les crises et augmente lors des phases de reprise - "dans le contexte actuel, la hausse du taux de démission apparaît (...) comme normale, en lien avec la reprise suite à la crise du COVID-19" et reflète simplement le dynamisme du marché du travail en France, conclut la Dares.

Sans compter qu'avec des difficultés de recrutement actuellement "à des niveaux inégalés", les nombreuses opportunités pour les salariés déjà en poste pourraient lever une partie des freins à la démission.

Dans ce contexte, "le pouvoir de négociation se modifie en faveur des salariés", avec des salaires d'embauche susceptibles d'augmenter, ou des concessions des entreprises pour conserver ou attirer des salariés, par exemple "sur les conditions ou l'organisation du travail (télétravail) ou sur la forme des contrats d'embauche", note la Dares.

(Rédigé par Myriam Rivet, édité par Marc Angrand)