(Actualisé avec précisions)

par Elizabeth Piper, Kylie MacLellan et Andrew MacAskill

LONDRES, 26 mars (Reuters) - Les députés britanniques ont adopté lundi soir un amendement destiné à leur donner les moyens de chercher à dégager une majorité sur le Brexit après les deux échecs cuisants subis par la Première ministre Theresa May pour faire ratifier l'Accord de retrait qu'elle a conclu avec l'Union européenne.

Cet amendement modifie l'agenda parlementaire pour donner aux élus de Westminster le temps d'organiser des votes indicatifs sur les différentes options offertes par le Brexit.

Les députés de la Chambre des communes vont désormais voter mercredi sur une série d'options sur le divorce entre Londres et Bruxelles, pour dire s'ils sont d'accord sur des liens plus étroits avec les Européens et ensuite tenter d'inciter le gouvernement à aller dans cette voie.

Près de trois ans après le référendum britannique sur l'UE, et quatre jours avant la date initialement prévue pour le Brexit, les modalités de la sortie du Royaume-Uni apparaissent toujours incertaines.

Le vote de lundi soir témoigne à quel point Theresa May a perdu de son autorité politique, bien qu'elle ait affirmé que son gouvernement ne se sentirait pas lié par les résultats des votes indicatifs qui auront lieu mercredi.

"Aucun gouvernement ne peut signer un chèque en blanc en s'engageant sur une solution sans savoir ce qu'elle est", avait-elle dit avant le vote. "Aussi je ne peux engager le gouvernement à mettre en oeuvre le résultat d'un quelconque vote de cette chambre", avait ajouté la Première ministre.

Cependant, si les députés parviennent à trouver un consensus, la pression sur Theresa May sera accrue, d'autant que la Première ministre avait accusé le Parlement d'être responsable de l'impasse et de n'avoir aucune autre solution viable que l'accord de sortie qu'elle a négocié avec l'UE.

"Le gouvernement va continuer à prôner le réalisme - toutes les options envisagées doivent être administrables dans les négociations avec l'UE", a dit un porte-parole du ministère du Brexit.

DÉMISSION DE TROIS SECRÉTAIRES D'ÉTAT

Le ministre du Brexit, Stephen Barclay, avait déclaré dimanche que si le Parlement venait à prendre le contrôle du processus, des élections anticipées pourraient avoir lieu en conséquence - un scénario qui serait probablement soutenu par l'opposition du Labour.

Theresa May a annoncé lundi qu'elle renonçait pour l'instant à organiser un troisième vote à la Chambre des communes sur son accord de Brexit, faute d'un nombre de voix suffisant en faveur du texte. Elle pourrait toutefois organiser ce vote plus tard dans la semaine, probablement jeudi.

D'après le journal The Sun, Theresa May a indiqué dimanche à certains parlementaires favorables au Brexit qu'elle envisagerait de démissionner en échange d'un vote de la Chambre des communes en faveur de l'accord de retrait négocié avec Bruxelles.

Plusieurs parlementaires au sein même du Parti conservateur ont appelé publiquement à la démission de la Première ministre.

L'amendement déposé par l'élu conservateur Oliver Letwin a reçu lundi soir plus de soutien qu'anticipé, étant adopté par 329 voix contre 302, du fait notamment de la démission de trois secrétaires d'Etat pour protester contre la position du gouvernement.

Le chef de file de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a soulevé lundi soir la possibilité de soumettre au vote populaire toute proposition sur laquelle s'accorderaient les députés.

Incapable de faire adopter l'accord approuvé en novembre par les négociateurs britanniques et européens, Theresa May avait demandé la semaine passé à ses partenaires un report du Brexit jusqu'au 30 juin.

Ces derniers, lassés par les atermoiement de Londres, lui ont donné un sursis de 15 jours jusqu'au 12 avril et un délai jusqu'au 22 mai, avant les scrutins des élections européennes, si elle parvient à faire approuver l'Accord de retrait dans les prochains jours.

"Je continue de croire que la meilleure option pour le Royaume-Uni est de quitter l'UE le plus tôt possible avec un accord, soit le 22 mai", a déclaré la Première ministre britannique devant les parlementaires. (Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian pour le service français)