Londres (awp/afp) - Le taux de chômage au Royaume-Uni a terminé l'année à un niveau historiquement bas de 4% tandis que les salaires ont nettement progressé, ce qui confirme la bonne santé du marché de l'emploi malgré les perturbations du Brexit.

Ce niveau de 4% enregistré pour les trois mois achevés fin décembre est conforme aux attentes des économistes interrogés par Bloomberg et n'a jamais été si faible depuis début 1975.

Il est identique au taux de fin novembre, selon les chiffres dévoilés mardi par l'Office des statistiques nationales (ONS).

"Malgré le ralentissement de la croissance, le marché du travail est resté florissant au Royaume-Uni", souligne l'ONS, évoquant un niveau d'emploi au plus haut, un taux de chômage très bas et une proportion d'inactifs en net repli.

Le marché de l'emploi profite en outre d'une participation accrue des personnes de plus de 65 ans ainsi que des femmes. Les contrats très précaires dits "zéro heure", qui ne garantissent aucun minimum d'heures travaillés, sont eux en net recul sur un an, concernant 844'000 personnes.

Le taux d'emploi atteint 75,8%, un sommet depuis le début de la compilation de ces statistiques en 1971 et le pays a enregistré 167'000 créations d'emplois nettes par rapport à fin septembre, soit bien plus que prévu par Bloomberg (151'000).

Ces bons chiffres sur l'emploi s'accompagnent d'une nette hausse des salaires de 3,4% (primes comprises) sur un an, un rythme désormais bien plus élevé que l'inflation qui poursuit son ralentissement avec une hausse des prix à 1,8% en janvier.

Hausse du pouvoir d'achat

Résultat, le pouvoir d'achat des ménages s'est amélioré nettement au fil de l'année 2018 après une période de vaches maigres en 2017 sur fond de livre faible et de renchérissement du coût des biens importés.

Le revenu réel a ainsi progressé de 1,3% sur un an (primes comprises) à fin décembre.

Le marché du travail en pleine santé a défié l'an dernier un contexte économique pour le moins morose en raison du Brexit.

La croissance économique a ralenti à 1,4% en 2018 et les prévisions pour 2019 sont peu encourageantes compte tenu du flou entourant les conditions de sortie de l'UE à un peu plus d'un mois de la date officielle du Brexit prévu fin mars.

La Banque d'Angleterre (BoE) a en particulier frappé les esprits en abaissant drastiquement sa prévision de croissance pour 2019, à 1,2%, ce qui constituerait le résultat le plus faible depuis la fin de la crise financière internationale d'il y a dix ans.

Pour Howard Archer, économiste chez EY Item Club, "il reste à voir si le marché de l'emploi pourra conserver sa solidité au cours des premiers mois de 2019 alors que l'économie continue d'être sous pression et que les incertitudes du Brexit augmentent".

Selon lui, plusieurs enquêtes montrent que les employeurs sont dans une position d'attente avant d'y voir plus clair sur le Brexit. Il suggère en outre que certains entreprises ont davantage embauché ces derniers mois par peur de manquer de personnels qualifiés compte tenu d'une baisse de nombres de travailleurs venant de l'UE.

L'ONS observe en outre une difficulté à recruter de la part d'entreprises, comme en témoigne le nombre très élevé de postes à pourvoir, qui atteint 870'000 sur les trois mois à fin janvier, en particulier dans le secteur du commerce et de la santé.

afp/buc