Londres (awp/afp) - Les ventes de détail au Royaume-Uni ont fortement rebondi en janvier, une bonne surprise pour l'économie britannique en pleine incertitude autour du Brexit qui freine l'investissement des entreprises.

L'Office des statistiques nationales (ONS) a publié vendredi une hausse de 1,0% d'un mois sur l'autre de cet indicateur, qui a surpris les analystes par son ampleur.

En outre, les données de décembre ont été revues un peu en hausse par l'ONS, qui estime désormais à seulement 0,7% le repli lors de ce mois crucial des courses de fin d'année, contre 0,9% estimé au départ.

L'ONS a certes évoqué une tendance au ralentissement de la croissance des ventes de détail sur le temps long, mais les données de janvier n'en ont pas moins été bien accueillies, après une période de Noël décevante.

"Les chiffres des ventes au détail sont vraiment robustes - un soulagement - malgré le chaos du Brexit. Les consommateurs soutiennent l'économie", a expliqué Naeem Aslam, analyste chez Think Markets UK.

Une consommation solide est d'autant plus nécessaire à l'économie britannique que l'investissement des entreprises est en panne depuis une bonne année maintenant, sur fond de prudence des sociétés face au flou du Brexit.

A un mois et demi du départ britannique de l'UE prévu le 29 mars, personne ne connaît les conditions du Brexit. L'accord conclu par la Première ministre du Royaume-Uni Theresa May avec les dirigeants des 27 autres pays de l'UE a été largement rejeté mi-janvier par le Parlement à Westminster et un véritable blocage politique empêche depuis d'y voir plus clair.

On dépense en attendant

Le moral des ménages britannique a été affecté dernièrement par l'étalage des profondes divisions politiques en cette période cruciale pour le pays, mais les données publiées vendredi semblent indiquer que les particuliers n'en gardent pas moins une certaine propension à dépenser.

Parmi les facteurs incitant à consommer, le pouvoir d'achat a été soutenu ces derniers mois par une vigoureuse progression des salaires couplée à un apaisement de l'inflation - tombée en janvier à 1,8%, son plus bas niveau depuis deux ans. Les clients ont pu de surcroît être attirés par les soldes de janvier, après s'être déjà fait plaisir en anticipant leurs courses de Noël en novembre à la faveur des prix cassés du Black Friday.

"La confiance des consommateurs est bel et bien faible, mais cela reflète l'idée diffuse que le Brexit va coûter cher à terme. Pour l'instant, les revenus des ménages sont dopés par une inflation faible, une progression des salaires nominaux au plus haut en dix ans et de solides chiffres de l'emploi", a résumé Samuel Tombs, analyste chez Pantheon Macroeconomics.

"Le moral déficient des ménages va dissuader les clients d'acheter des voitures, de réserver des vacances au long court ou de déménager, mais le commerce de proximité ne devrait pas être touché", a ajouté M. Tombs - même si les magasins subissent par ailleurs la concurrence redoutable et croissante des acteurs de la vente en ligne.

Au final, cette résilience des consommateurs pourrait aider l'économie britannique à croître légèrement au premier trimestre, alors que les entreprises se montrent pour leur part toujours prudentes avant d'y voir plus clair sur le Brexit.

En 2018, la croissance du produit intérieur brut du Royaume-Uni a ralenti à 1,4%, après 1,8% en 2017, soit son rythme le plus faible depuis 2012, et en ce début d'année 2019, les milieux d'affaires sont plus que jamais inquiets du blocage de la situation à Westminster.

"Il ne reste que très peu de temps avant la fin mars et il est temps que les responsables politiques arrivent à se mettre d'accord afin que nous puissions aller de l'avant", a averti le directeur général de la banque RBS, Ross McEwan, sur la BBC. "Plus cela dure et plus cela pèse sur la capacité des entreprises à investir, et in fine sur la vie quotidienne des gens et l'économie. Il faut une solution."

afp/buc