(Actualisé avec déclarations supplémentaires de Biden)

NEW YORK/JERUSALEM/LE CAIRE, 27 février (Reuters) - Le président américain Joe Biden a déclaré lundi qu'Israël avait accepté de ne mener aucune activité militaire dans la bande de Gaza durant le Ramadan, ajoutant que l'Etat hébreu risquait de perdre le soutien de la communauté internationale alors que les Palestiniens meurent en grand nombre dans l'enclave.

Le Ramadan doit débuter le 10 mars et prendre fin le 9 avril prochain.

S'exprimant dans un entretien au talk show "Late Night with Seth Meyers" de la chaîne NBC enregistré lundi soir, Joe Biden a indiqué que les responsables israéliens lui ont promis qu'ils permettraient d'"évacuer des portions significatives de Rafah" avant de mener un assaut pour "supprimer le reste du Hamas".

"Le Ramadan approche, et il y a un accord avec les Israéliens pour qu'ils ne mènent pas d'activités durant le Ramadan, pour nous permettre de disposer de temps pour libérer tous les otages", a dit le président américain.

"Trop de personnes innocentes sont tuées", a-t-il déclaré par ailleurs, alors que le dernier bilan des autorités de santé palestiniennes fait état de près de 30.000 morts à Gaza depuis le début de la guerre. "Israël a le soutien écrasant de la vaste majorité des nations. S'il continue comme cela (...) il va perdre son soutien à travers le monde. Et ce n'est pas dans l'intérêt d'Israël".

Washington, principal allié d'Israël, a pressé celui-ci d'accepter rapidement une trêve et de se retenir de mener un assaut de la ville de Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l'Egypte, où plus de la moitié des 2,3 millions d'habitants de l'enclave ont trouvé refuge.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répété que Tsahal prévoyait toujours de mener un assaut à Rafah et que des mesures étaient prévues pour évacuer les civils palestiniens.

Les commentaires de Joe Biden ont été effectués alors qu'Israël et le Hamas apparaissaient lundi proches d'un accord dans le cadre des pourparlers chapeautés par le Qatar sur l'arrêt des combats et la libération des otages.

La présence simultanée à Doha de représentants d'Israël et du Hamas pour des pourparlers dits de proximité - des discussions indirectes via des médiateurs - laisse à penser qu'un accord entre les deux camps est plus proche que jamais.

Depuis que l'Etat hébreu a rejeté début février une proposition du Hamas pour une trêve de quatre mois, les efforts diplomatiques se sont intensifiés, en marge d'opérations militaires israéliennes accrues dans le sud de la bande de Gaza.

"REVENIR À LA RÉALITÉ"

Interrogé, avant son entretien sur NBC, sur le calendrier potentiel d'un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne, Joe Biden a répondu qu'il l'espérait "d'ici au début ou à la fin du week-end".

"Mon conseiller à la sécurité nationale me dit que nous sommes proches (d'un accord). Ce n'est pas encore fait. Mon espoir est que nous ayons un cessez-le-feu d'ici lundi prochain", a dit le président américain à des journalistes.

Israël et le Hamas continuent publiquement d'afficher des positions très éloignées sur les contours d'une trêve, tout en se reprochant réciproquement l'échec des négociations.

Après avoir rencontré l'émir du Qatar le cheikh Tamim ben Hamad al Thani, le chef du bureau politique du Hamas, basé à Doha, a salué les efforts des médiateurs pour mettre fin à la guerre tout en accusant Israël de gagner du temps alors que Gaza est assiégée.

"Nous ne permettrons pas à l'ennemi d'utiliser les négociations comme une couverture pour son crime", a déclaré Ismaïl Haniyeh.

Benjamin Netanyahu s'est dit prêt à un accord mais qu'il fallait que le Hamas arrête d'effectuer des demandes selon lui "venues d'une autre planète".

"Evidemment, nous voulons cet accord si nous le pouvons. Cela dépend du Hamas. C'est vraiment de leur ressort", a-t-il déclaré à la chaîne américaine Fox News lors d'une interview. "Ils doivent revenir à la réalité", a-t-il ajouté.

Selon les services du cheikh Tamim ben Hamad al Thani, les discussions entre l'émir du Qatar et le chef du Hamas ont porté sur les efforts qataris pour définir "un accord de cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza".

Plus tôt, une source a déclaré à Reuters que des responsables israéliens se sont rendus dans la journée au Qatar pour travailler sur les termes d'une trêve dans la bande de Gaza et d'un accord de libération des otages.

La délégation israélienne, composée de représentants de l'armée et des services secrets (Mossad), est chargée de créer un centre opérationnel pour les négociations, a précisé la source. Sa mission consiste notamment à étudier le profil des détenus palestiniens dont le Hamas demande la libération en échange des otages.

Israël continue d'affirmer publiquement qu'il n'arrêtera pas son offensive à Gaza tant qu'il n'aura pas éradiqué le Hamas en représailles à l'attaque du 7 octobre dernier.

De son côté, le Hamas affirme qu'il ne libérera pas la centaine d'otages qu'il détient encore si Israël ne promet pas de se retirer de Gaza et de mettre fin à la guerre.

Toutefois les négociations diplomatiques semblent avoir grandement avancé depuis vendredi dernier et une réunion organisée à Paris entre des représentants israéliens, américains, égyptiens et qataris - aucun représentant du Hamas n'y a cependant pris part.

Des sources sécuritaires égyptiennes ont fait savoir que les discussions de "proximité" entre les délégations d'Israël et du Hamas se tiendraient cette semaine, d'abord au Qatar puis au Caire. (Reportage Jeff Mason à New York, Dan Williams à Jérusalem, Nidal al-Mughrabi au Caire, avec Ali Sawafta à Ramallah, Andrew Mills au Qatar, Steve Holland à Washington; version française Blandine Hénault et Zhifan Liu, édité par Tangi Salaün et Jean Terzian)

par Jeff Mason, Dan Williams et Nidal al-Mughrabi