(Actualisé tout du long avec fin des discussions au Caire, éléments supplémentaires)

par Nidal al-Mughrabi, Dan Williams et IbraheemAbu Mustafa

LE CAIRE/JERUSALEM/GAZA, 13 février (Reuters) - Les discussions menées mardi au Caire par des responsables américains, égyptiens, israéliens et qataris se sont terminées sans accord de trêve pour la bande de Gaza, alors qu'Israël prévoit de mener un assaut dans le sud de l'enclave, où elle a procédé à des bombardements et où ont trouvé refuge plus d'un million de Palestiniens déplacés par les combats.

La ville de Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, frontalière de l'Egypte, comptait environ 300.000 habitants avant le début de la guerre, en octobre dernier. Devenue un refuge pour les civils avec l'offensive lancée par Israël, qui s'était focalisé dans un premier temps sur le nord de l'enclave, Rafah abrite désormais environ la moitié des 2,3 millions de Gazaouis, dans des conditions très précaires.

Israël dit vouloir débusquer les combattants du Hamas se cachant à Rafah, ville qu'il considère comme le "dernier bastion" du groupe palestinien responsable de l'attaque du 7 octobre ayant fait 1.200 morts et lors de laquelle 250 personnes ont été enlevées. L'objectif annoncé par l'Etat hébreu est aussi de libérer les otages détenus à Rafah.

Si les autorités israéliennes ont indiqué prévoir des mesures pour évacuer les civils palestiniens piégés à Rafah, aucun plan n'a été communiqué. Des ONG soulignent que les Palestiniens déplacés par les combats n'ont nulle part où aller dans l'enclave ravagée, d'autant que l'Egypte a réaffirmé son opposition à une arrivée de réfugiés sur son territoire.

D'après le dernier bilan des autorités sanitaires locales, l'offensive lancée par Israël dans la bande de Gaza en représailles à l'attaque du Hamas a fait plus de 28.400 morts et plus de 68.100 blessés.

Les bombardements israéliens ont dévasté en grande partie l'enclave palestinienne, en ruines, où la population manque cruellement de nourriture, d'eau et d'autres biens essentiels.

Au cours de la nuit de lundi à mardi, les chars israéliens ont bombardé la partie est de la ville de Rafah, ont déclaré des habitants. Les opérations au sol de Tsahal ne semblaient pas avoir commencé. Toutefois, par crainte d'un assaut israélien, des réfugiés à Rafah ont commencé à quitter la ville.

L'armée israélienne a dit avoir tué des dizaines de combattants palestiniens lors d'affrontements dans le sud et le centre de la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, dont 30 à Khan Younès, ville proche de Rafah où les bombardements se poursuivaient dans la journée.

"TOUTE NOUVELLE ESCALADE SERAIT APOCALYPTIQUE"

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné vendredi à l'état-major israélien de mettre au point un plan combiné en vue de l'évacuation des civils de Rafah et de l'élimination des "quatre" derniers bataillons du Hamas.

La stratégie d'Israël est vivement critiquée par son allié américain. Washington a déclaré qu'il ne soutiendrait pas une opération terrestre faisant fi du sort des centaines de milliers de civils terrés à Rafah.

Le président américain Joe Biden, s'exprimant lundi au côté du roi Abdallah de Jordanie après un entretien à la Maison blanche, a déclaré que les Etats-Unis tentaient de parvenir à un accord sur la libération d'otages israéliens détenus par le Hamas en échange d'une période de calme d'"au moins six semaines" dans la bande de Gaza.

Au Caire, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a réuni le directeur de la CIA, Williams Burns, et le Premier ministre Qatari, Cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, pour des discussions destinées à obtenir un accord de trêve dans la bande de Gaza, protéger les civils et acheminer davantage d'aide dans l'enclave, a déclaré le gouvernement égyptien.

Les "consultations" sur des questions clé vont se poursuivre, a indiqué le service d'information gouvernemental dans un communiqué publié sur son site internet, précisant qu'aucune avancée substantielle n'a été obtenue ce mardi.

Aucun mention d'Israël n'est faite dans le communiqué du Caire. Les services de Benjamin Netanyahu n'ont pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.

Un représentant du Hamas a fait savoir que le groupe palestinien a déclaré aux participants à la réunion qu'il ne croyait pas qu'Israël s'abstiendrait de relancer son offensive dans la bande de Gaza une fois les otages relâchés par le Hamas.

Les Nations unies ont de leur côté rejeté l'hypothèse d'un déplacement forcé des civils de Rafah.

A Genève, Juliette Touma, porte-parole de l'Agence onusienne de secours aux réfugiés palestiniens (UNRWA), a dit ne pas avoir été informée par Israël d'un plan d'évacuation et ne pas en être partie prenante.

"Où allez-vous évacuer des civils alors qu'aucun endroit n'est sûr dans la bande de Gaza ?", a-t-elle dit. "Cela doit cesser. Toute nouvelle escalade serait absolument apocalyptique." (Reportage de Nidal al-Mughrabi au Caire, Dan Williams à Jérusalem, avec les bureaux de Reuters ; version française Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)