Débat en séance publique sur les mesures de la Relance

Discours de Bruno Le Maire,

ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance

Assemblée nationale

Mercredi 16 juin 2021

Contact presse:

Cabinet de Bruno Le Maire

01 53 18 41 13

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre, Olivier Dussopt,

Mesdames et messieurs les Députés.

Avant de parler du plan de relance et de son décaissement, vous me permettrez d'exprimer ma surprise devant deux propos. Je vous ai tous écouté attentivement, je pense que les critiques sont toujours les bienvenues, mais il y a deux contre-vérités que je voudrais dénoncer avant d'évoquer le plan de relance.

D'abord, la première contre-vérité, c'est que nous n'aurions pas soutenu les ménages les plus modestes, la demande, les plus petites entreprises, ceux qui ont été les plus en difficulté pendant la crise. C'est faux. Quand nous prenons, la seule « Ma Prime Rénov' » dans le plan de relance, je le dis pour monsieur Wulfranc, elle bénéficie pour les deux tiers aux ménages les plus modestes.

Je rappelle que lorsque la France a perdu près de 8 % de son activité en 2020, elle a réussi à maintenir, voire à augmenter le pouvoir d'achat de l'ensemble des Français. Au-delà des 100 milliards d'euros de la relance, nous avons dépensé successivement en 2020 et en 2021, 73 milliards pour protéger les salariés, pour protéger les plus modestes et éviter que la crise économique s'accompagne d'une crise sociale.

Deuxième point sur lequel je veux marquer mon étonnement, mais après tout, nous sommes dans des périodes où plus rien ne vous étonne, c'est de voir la France Insoumise par la voix de monsieur Mélenchon, aussi fasciné par les Etats-Unis d'Amérique et aussi soumise aux Etats-Unis. Je dois dire qu'il aura fallu que j'attende d'avoir 52 ans pour assister à ce spectacle. A écouter monsieur Mélenchon, personne ne ferait mieux que les Etats-Unis d'Amérique, personne ne serait plus contraignant vis-à-vis des entreprises que les Etats-Unis d'Amérique, personne n'aurait dépensé plus et n'aurait un meilleur filet protection sociale que les Etats-Unis d'Amérique.

Je voudrais juste rappeler à monsieur Mélenchon et la France Insoumise avant qu'il s'agenouille devant le modèle américain, que le modèle européen, lui, il a un filet de protection sociale, lui, il a dépensé des milliards d'euros pour protéger les salariés, lui, il a engagé des prêts garantis par l'Etat pour éviter des vagues de faillites. Je préfère le modèle européen et français au modèle américain. Je préfère la manière dont nous avons résisté à la crise en 2020 à ce qui a été choisi par les Etats-Unis d'Amérique. C'est la différence entre la France Insoumise et cette majorité.

J'en reviens au plan de relance. 100 milliards d'euros, c'était un véritable défi. D'abord, c'est un défi par le montant. Engager 100 milliards d'euros dans des délais aussi rapides, c'est un défi absolument considérable. C'est un défi aussi en termes d'efficacité. Il s'agissait, après la crise la plus grave depuis 1929, de relancer l'économie française, de faire redémarrer la machine économique pour éviter les faillites et créer des emplois partout sur le territoire. Enfin, c'était un défi par les modalités de financement très original, puisque je rappelle que dans ce plan de relance, 60 milliards d'euros viennent du budget de l'Etat français, mais 40 milliards d'euros viennent de crédits européens, dont une partie ont été levés par de la dette commune, ce qui est une originalité, une singularité et un acte d'intégration majeur de l'Union européenne et des Etats européens que nous devons, comme vous le savez, à l'accord conclu entre la chancelière Angela Merkel et le président de la République, Emmanuel Macron.

Ce défi du plan de relance, je considère que nous tous, collectivement, nous sommes en train de le relever et que nous sommes en train de réussir la relance de l'économie française après avoir réussi ensemble la protection de l'économie française.

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Seul le prononcé fait foi

Je pense qu'une fois encore, au-delà des critiques et du débat qui sont les bienvenus parce que cela nous permet de faire mieux, nous devrions tous collectivement être fiers de voir que la France et l'Union européenne ont réussi à protéger leur économie, leurs salariés, leurs entreprises en 2020. Nous devrions être fiers que la France en 2021 soit en train de réussir sa relance économique.

Le point, le plus important pour nous tous, c'est qu'il y ait des emplois, du travail, de l'activité pour tous les Français. Ce qui paraissait inatteignable il y a encore quelques mois, nous sommes en train de toucher au but, c'est-à-dire retrouver une croissance forte en 2021 et retrouver dans le premier trimestre de l'année 2022 le niveau d'activité économique que nous avions avant la crise. Cela paraissait hors de portée, nous sommes en train de réussir.

Je voudrais souligner à qui nous le devons. D'abord, nous le devons aux Français, nous le devons aux Français qui se sont remis au travail, nous le devons aux Français qui se sont remis à consommer très rapidement, nous le devons aux Français qui ont utilisé ces dispositifs du plan de relance.

Le plan de relance de 100 milliards ne sert à rien si les Français ne changent pas leurs véhicules et n'utilisent pas la prime à la conversion ou les primes pour les véhicules électriques, ils les ont largement utilisés.

Le plan de relance ne sert à rien si les Français ne vont pas rénover leurs bâtiments, ne vont pas rénover leur logement. Ils l'ont fait, ils l'ont fait massivement. 325 000 « Ma Prime Rénov' » qui ont déjà été utilisées depuis que ce dispositif a été mis en place et renforcé par le plan de relance. Je veux dire un immense merci à nos compatriotes car si l'économie redémarre en France, nous le devons d'abord aux Français.

Nous le devons également aux élus locaux. Je veux saluer l'engagement des élus locaux. Je sais qu'au départ, les dispositifs étaient complexes, qu'il a fallu les simplifier, qu'il a fallu mettre tout cela en route, s'assurer que les sous-préfets à la relance étaient bien disponibles pour les maires, pour les présidents de communes, s'assurer que les préfets apportaient bien toutes les précisions nécessaires, notamment pour les plus petites communes. Je pense que nous avons entendu les critiques, corrigé le tir.

Le résultat, c'est que les élus locaux ont largement joué le jeu. Je veux aussi les remercier parce que grâce à eux, la rénovation des bâtiments publics, la rénovation des écoles est engagée.

C'est ce qui fait tourner derrière le bâtiment, les travaux publics qui sont confrontés non pas à un manque de demande, mais à un excès de demande et dont les véritables problèmes aujourd'hui, vous le savez tous, c'est d'abord des problèmes d'accès aux matières premières, de prix des matières premières et de recrutement.

Je profite d'ailleurs de cette intervention pour redire que l'Etat n'appliquera pas de pénalités en cas de retard sur l'exécution des marchés publics et j'invite les collectivités locales à faire de même pour les entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics.

Nous devons également ce succès de la relance à nos entrepreneurs qui ont immédiatement utilisé les dispositifs. Prenez la digitalisation des PME industrielles. Nous savons tous que les PME industrielles avaient un retard en matière de digitalisation. Nous avons mis en place un crédit d'impôt. Nous leur avons dit utilisez ce crédit d'impôt. Nous avons prévu 280 millions d'euros. En l'espace de quelques mois, c'est près d'1 milliard d'euros de demandes qui ont été formulées par des chefs d'entreprises pour digitaliser leurs PME.

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Seul le prononcé fait foi

Je leur dis là aussi un immense merci aux entrepreneurs qui ont joué le jeu de la relance et qui nous permettent aujourd'hui d'avoir les résultats que nous enregistrons.

Enfin, nous le devons aussi et je tiens à remercier tous les parlementaires qui se sont engagés dans France Relance, qui ont expliqué les dispositifs, qui ont, à l'image de Jean-Noël Barrot, fait un travail remarquable d'efficacité et de rigueur sur la territorialisation du plan de relance et sur l'accès des dispositifs aux territoires les plus reculés.

Je veux vous dire un immense merci à chacun d'entre vous.

Les résultats sont là. C'est un résultat collectif. C'est un résultat que nous devons aux Français, aux élus locaux, aux entrepreneurs, aux consommateurs, aux parlementaires.

C'est un modèle de ce que la France doit, à mon avis, accomplir pour réussir. Travailler de manière solidaire et non pas travailler de manière isolée. Travailler ensemble et non pas les uns contre les autres.

A l'heure où je vous parle, nous avons engagé 36 milliards d'euros du plan de relance.

Mon objectif est d'avoir engagé d'ici la fin de l'année 2021, 70 milliards d'euros sur les 100 milliards qui sont prévus et qui ont été votés, dont une grande partie décaissés d'ici la fin de l'année 2021.

La dernière raison qui explique que le plan avance et fonctionne, c'est que vous l'avez voté tôt et qu'il a été mis en place très rapidement.

Je rappelle que le dispositif « 1 jeune, 1 solution » a été mis en place dès la fin du mois d'août 2020 parce que nous anticipions une rentrée difficile et qu'il fallait soutenir l'embauche en CDI ou en apprentissage par les entreprises.

C'est l'anticipation qui nous permet aujourd'hui d'obtenir ces résultats et qui permet à la Banque de France de faire une évaluation de la croissance française parmi les meilleurs dans la zone euro, 5,75 pour 2021 même si, pour ma part, je maintiens la prévision de croissance du Gouvernement à 5 % en tenant compte des aléas sanitaires qui restent encore possibles.

Alors, pour terminer, qu'est-ce qu'il nous reste à faire ? Qu'est-ce que nous avons encore devant nous ?

D'abord, il faut s'assurer une fois encore que les critiques que vous avez formulées, les demandes de simplification, les demandes de territorialisation portées par Jean-Noël Barrot, que nous y répondront. Nous ne cessons, à un rythme hebdomadaire, d'examiner avec mes équipes que je remercie au passage, avec le Secrétariat général du plan de relance où nous en sommes ? Qu'est-ce qui peut être amélioré ? Comment est-ce que nous répondons aux critiques des élus de terrain que vous êtes ? C'est la première chose, c'est la plus importante.

La deuxième urgence, c'est de nous assurer que tous les territoires sans exception profitent bien de ces crédits du plan de relance et utilisent ces crédits du plan de relance pour redémarrer leur économie. Que ce redémarrage de l'économie se traduit bien par des emplois, parce que la priorité des Français, c'est la relance et derrière la relance, l'emploi. Je partage évidemment cette priorité de nos compatriotes.

Enfin, il faut que nous réfléchissions à la question que vous avez soulevée et qui est parfaitement légitime de savoir si des investissements supplémentaires sont nécessaires pour augmenter le potentiel de croissance de notre pays et augmenter le potentiel de croissance de l'Union européenne face à la montée en puissance de la Chine et face à l'accélération américaine.

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Seul le prononcé fait foi

Ce débat, il est légitime. Il a été posé par le président de la République. Mais autant je ne crois pas que nous ayons besoin d'un deuxième plan de relance, autant je pense qu'il est utile de réfléchir ensemble aux investissements complémentaires qui seront nécessaires pour augmenter le potentiel de croissance de la France et ouvrir, pour la première fois depuis des décennies, de nouvelles chaînes de valeur dans notre pays.

Que ce soit sur l'hydrogène, que ce soit sur les batteries électriques, que ce soit sur les semi- conducteurs dont on a vu l'importance stratégique pendant cette crise, que ce soit sur le calcul quantique, sur le cloud, que ce soit sur l'espace, sur les lanceurs. Nous avons la possibilité d'ouvrir de nouvelles chaînes de valeur. Nous avons commencé à le faire.

Peut-être qu'il est nécessaire d'ajouter des moyens supplémentaires pour financer ces nouvelles chaînes de valeur qui vont accélérer la relocalisation industrielle de notre pays. En tout cas, c'est un débat qui mérite d'être ouvert et sur lequel nous souhaitons, avec le président de la République et le Premier ministre, apporter des réponses dans les semaines qui viennent.

Quand nous disons investissements, cela ne doit pas être uniquement un investissement dans les entreprises, dans les usines, dans les chaînes que je viens d'indiquer. C'est aussi peut-être surtout un investissement dans les compétences. Je termine par là.

Il me semble que le plus grand défi aujourd'hui pour la France, c'est d'investir dans les compétences, dans le savoir-faire, dans la formation, dans la qualification. J'entends ce qui a été dit sur les fonderies.

Les fonderies m'occupent depuis des semaines et des semaines. C'est 15 000 emplois directs. C'est des salariés qui n'ont pas démérité, qui ont des compétences, qui ont des savoir-faire. C'est souvent des fonderies dans des endroits qui sont reculés, bien entendu que les fonderies de Saint-Claude, dans le Jura. C'est une question qui me touche. Bien entendu que je suis de très près la question des Fonderies du Poitou ou des Fonderies de Bretagne. Mais derrière, il y a une réalité, c'est que la transition environnementale amène à la lente disparition des moteurs thermiques au profit de moteurs électriques qui occupent une place de plus en plus importante et qu'il faut donc soit trouver de nouveaux pour s'effondrer, soit pour requalifier les salariés et les ouvriers, leur donner de nouvelles perspectives en termes d'emplois.

Je crois que c'est l'un des travaux essentiels que nous avons à faire, investir dans les compétences au service de l'activité et de l'emploi. C'est un débat qui me paraît tout à fait salutaire et utile dans cette assemblée.

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Seul le prononcé fait foi

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