(Actualisé avec nouveau point sur la participation)

par Krisztina Than

BUDAPEST, 8 avril (Reuters) - Viktor Orban, tenant en Europe d'une ligne dure envers l'immigration, devrait remporter ce dimanche un troisième mandat consécutif de quatre ans à la tête du gouvernement hongrois, au terme d'une campagne où il s'est posé en garant des valeurs chrétiennes de son pays face à l'afflux de musulmans.

Les bureaux de vote ont ouvert dimanche matin à 06h00 (04h00 GMT) et fermeront à 19h00 (17h00 GMT).

Après avoir voté, le Premier ministre, âgé de 54 ans, a jugé que l'avenir de la Hongrie était en jeu.

"J'ai voté pour le Fidesz et j'invite tout le monde à participer à cette élection", a-t-il dit à la presse, ajoutant qu'il allait défendre les intérêts de la Hongrie.

A 13h00 GMT, la participation s'élevait à 53,64%, ce qui est équivalent au scrutin de 2002. Cette année-là, elle avait finalement atteint 73,5%. Selon certains sondages, une participation supérieure à 70% serait le signe d'une forte mobilisation de l'opposition, qui pourrait priver le Fidesz de sa majorité parlementaire.

Le parti au pouvoir est en tête de tous les sondages, qui ne prévoient toutefois le même raz-de-marée qu'aux législatives de 2010 et de 2014.

L'opposition, dont le parti d'extrême droite Jobbik est l'une des principales composantes, est certes fragmentée, mais elle garde quelques chances de réaliser un bon score.

A en croire les sondages, Jobbik pourrait arriver en seconde position. Ce parti exclut toute coalition, que ce soit avec le Fidesz ou avec les partis de gauche traditionnels.

Le Fidesz pourrait obtenir 113 des 199 sièges parlementaires, dimanche, selon un sondage de l'institut Republikon rendu public jeudi.

"HOMOGÉNÉITÉ ETHNIQUE"

Les législatives sont disputées à un seul tour. Sur les 199 députés, 106 sont élus au scrutin uninominal à un tour. Les 93 autres le sont sur la base de listes de partis ou de minorités ethniques.

Le mode de scrutin, qui a été changé en 2010, est plus favorable au parti au pouvoir face à une opposition de gauche fragmentée et Jobbik. Le nombre total de sièges a été ramené de 386 à 199 en 2011. Le second tour a été supprimé, ce qui prive les partis de la possibilité de conclure des alliances entre les deux tours.

Viktor Orban, qui militait déjà comme jeune libéral à la fin des années 1980, a imposé au pays ce que ses détracteurs considèrent comme un style de plus en plus autoritaire.

Dans le même temps, Viktor Orban a bataillé contre Bruxelles concernant la politique de quotas de migrants venus du Proche-Orient, estimant que la Hongrie chrétienne, qui n'a pas de véritable tradition d'immigration, doit préserver son "homogénéité ethnique".

"Des forces apparaissent comme le monde n'en a pas vu depuis longtemps. En Afrique, il y aura dix fois plus de jeunes qu'en Europe. Si l'Europe ne fait rien, ils vont enfoncer la porte et nous écraser", déclarait Orban dans un discours le 15 mars.

"Bruxelles(...) veut diluer la population de l'Europe et la remplacer, pour se débarrasser de notre culture, de notre mode de vie", ajoutait-il.

Une victoire nette de Viktor Orban "renforcerait l'union des pays de Visegrad en matière de politique migratoire", estime le professeur Hendrik Hansen, expert de la scène politique européenne à l'université Andrassy de Budapest.

Le groupe de Visegrad rassemble quatre pays d'Europe centrale à la fois membres de l'Union européenne et de l'Otan : la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. (Avec Sandor Peto Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)