* Plusieurs fabricants de batteries ont fait faillite en 2012

* L'année 2013 a mal commencé avec l'affaire Boeing

* Saft vise toujours 35% du chiffre d'affaires dans le lithium-ion-Pdt

* Se concentre sur 3 niches automobiles, laisse les volumes aux Asiatiques

par Gilles Guillaume et Alice Cannet

BAGNOLET (Seine-Saint-Denis), 31 janvier (Reuters) - Le lithium-ion reste une technologie d'avenir pour les batteries électriques malgré les problèmes récents du Boeing 787 Dreamliner et la faillite de plusieurs entreprises du secteur, a déclaré le président du directoire de Saft, jeudi dans une interview.

"Il est clair que pour quelques-uns de nos concurrents, l'année passée a été très difficile, avec le dépôt de bilan d'A123 mais aussi d'entreprises plus petites", a dit John Searle à Reuters.

"Tous les projets prennent du temps et si on n'a pas d'autres sources de revenu et de profit, on a du mal à supporter les pertes à moyen-terme", a-t-il ajouté.

Trois ans après une introduction en Bourse en fanfare, l'américain A123 a déposé son bilan l'automne dernier après une baisse des commandes et un rappel de produits.

Pour le lithium-ion, qui permet d'alléger d'un tiers le poids du produit, l'année 2013 a également mal commencé quant les Dreamliners de Boeing ont été cloués au sol après qu'une batterie a pris feu à bord d'un appareil à l'aéroport de Boston.

Comme l'ensemble du secteur, Saft suivra avec attention les résultats de l'enquête en cours, mais le groupe estime toujours que la technologie lithium-ion pourrait représenter jusqu'à 35% de son chiffre d'affaires d'ici 2015, contre 10 à 12% en 2011 et 12,5 à 14,5% en 2012.

"Il est difficile d'imaginer qu'on puisse arrêter ce type de progrès", a estimé John Searle.

Outre l'aéronautique, Saft voit un potentiel de croissance dans le stockage d'électricité pour les centrales éoliennes ou solaires, dans le ferroviaire et les chariots de logistique.

Dans l'automobile, depuis son divorce avec l'américain Johnson Controls, il concentre ses ambitions sur trois niches: les poids lourds, les séries limitées voire les petits hybrides abordables.

"On ne cherche pas de très gros volumes sur de très gros marchés", a poursuivi John Searle. "Les très gros marchés sont des marchés pour les gros fabricants asiatiques. Pour cette raison, nous ne sommes pas très intéressés par exemple par le véhicule électrique en volume. Une bataille frontale entre ce type de sociétés et Saft n'a aucun sens."

"Saft est une mid-cap, il faut rester crédible" a-t-il ajouté.

Washington a autorisé mercredi le rachat d'A123 par Wanxiang, premier équipementier automobile chinois. Renault s'est tourné quant à lui vers le coréen LG Chem pour la future génération de batterie qui équipera sa gamme de véhicules électriques.

Saft a averti sur ses résultats à deux reprises en 2012, ses activités plus traditionnelles de batteries au nickel ou de piles au lithium ayant souffert de la mollesse de la conjoncture économique.

Leader mondial des batteries au nickel et au lithium primaire pour l'industrie, le transport et l'électronique civile ou militaire, le groupe prévoit désormais une baisse de 2% de son chiffre d'affaires à taux de change constants ainsi qu'une marge d'Ebitda en ligne avec les 16% du premier semestre.

Le groupe, dont la capitalisation boursière avoisine 500 millions d'euros, publiera ses résultats le 18 février.

* L'interview TV Reuters Insider : http://link.reuters.com/sum65t (Edité par Catherine Monin)

Valeurs citées dans l'article : LG Chem Ltd, Johnson Controls, Inc., SAFT, A123 Systems, Inc.