JERUSALEM, 1er avril (Reuters) - Le ministre israélien de la Défense a rejeté dimanche les appels à enquêter sur la mort de 15 Palestiniens tués vendredi par l'armée lors d'un grand rassemblement à la frontière entre Israël et la bande de Gaza.

Le Hamas, groupe islamiste qui contrôle l'enclave palestinienne depuis 2007, a déclaré que cinq des morts appartenaient à sa branche armée.

Israël avance pour sa part le chiffre de huit combattants du Hamas tués et ajoute que deux autres personnes décédées appartenaient à d'autres groupes armés.

Vendredi soir, à l'issue de cette journée parmi les plus meurtrières de ces dernières années dans la région, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a réclamé une enquête indépendante.

Son appel a été relayé par la porte-parole de la diplomatie européenne Federica Mogherini, par Amnesty International et par le chef du parti d'opposition de gauche israélien Meretz, Tamar Zandberg.

"Les soldats israéliens ont fait ce qui était nécessaire. Je pense que tous nos soldats méritent une médaille", a répondu dimanche le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, à la radio militaire israélienne. "Pour ce qui est d'une commission d'enquête, il n'y en aura pas", a-t-il ajouté.

Des dizaines de milliers de Palestiniens se sont rassemblés vendredi le long des 65 km de clôture séparant la bande de Gaza d'Israël, au début d'un mouvement de protestation pacifique qui doit durer six semaines et vise à réclamer le droit pour les réfugiés palestiniens de rentrer en Israël.

Plusieurs centaines de manifestants ont ignoré les appels des organisateurs et de l'état-major israélien à ne pas s'approcher de la frontière.

L'armée a déclaré que certains d'entre eux avaient tiré sur les militaires et jeté des pierres et cocktails incendiaires en territoire israélien.

Dans un communiqué diffusé samedi, Federica Mogherini a estimé que l'utilisation de balles réelles devrait faire l'objet d'une enquête indépendante et transparente.

"Même si Israël a le droit de protéger ses frontières, l'usage de la force doit toujours être proportionné", a-t-elle dit.

Le mouvement lancé vendredi doit prendre fin le 15 mai, jour que les Palestiniens appellent la "Nakba" ou "catastrophe", marquant le déplacement de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Israël exclut tout droit au retour des Palestiniens, qui ferait perdre au pays sa majorité juive.

Samedi, l'armée israélienne a de nouveau fait usage de balles réelles et de balles en caoutchouc et blessé environ 70 Palestiniens, selon les autorités palestiniennes. Des pierres ont été jetées sur les soldats, selon des témoins.

Israël accuse le Hamas d'utiliser ces manifestations pour faire oublier aux deux millions d'habitants de la bande de Gaza leurs graves difficultés quotidiennes.

L'Etat hébreu s'est retiré de l'enclave en 2005 mais continue de contrôler étroitement ses frontières terrestres et maritimes. (Jeffrey Heller Jean-Stéphane Brosse pour le service français)