Dublin (awp/afp) - L'entreprise brésilienne JBS, leader mondial de la viande, déplace son siège social en Irlande, mais cette annonce faisait froncer les sourcils de responsables à Dublin mercredi, qui n'attendent aucune retombée positive pour l'économie locale.

JBS a fait état au début du mois de ce projet, qui inclut d'après la presse le déplacement sur le papier de quelque 30 milliards d'euros d'actifs en Irlande. Il s'agit du dernier exemple en date de relocalisation de siège social pour des raisons comptables dans ce pays où l'impôt sur les sociétés n'est que de 12,5%.

"L'Irlande n'encourage pas ce genre de transaction. L'Irlande n'encourage pas la venue de coquilles vides", a expliqué à l'AFP un porte-parole du ministère irlandais des Finances. "Nous ne voulons que de réels investissements directs étrangers - ceux qui amènent des emplois et de l'investissement en Irlande".

Dans le détail, JBS qui est actuellement basée à Sao Paulo au Brésil va créer une entité mère officiellement située en Irlande, JBS Foods International. Mais les fonds brassés par cette structure seront en réalité gérés de l'étranger - depuis le Royaume-Uni en l'occurrence -, d'après des données publiées vendredi auprès de la Commission des opérations en Bourse (SEC) des Etats-Unis, où le groupe est aussi actif.

Le porte-parole du ministère a souligné que les autorités irlandaises travaillaient avec leurs homologues d'autres pays pour résoudre le problème de ces délocalisations fiscales, qui voient des multinationales exploiter les failles et écarts des systèmes juridiques et fiscaux des différents pays pour payer un minimum d'impôt.

Plusieurs multinationales américaines des nouvelles technologies, comme Google et Facebook, ont aussi installé leur siège européen en Irlande au cours des dernières années.

L'économiste irlandais Jim Power a qualifié pour sa part de "bouffonnerie totale" l'initiative de JBS qui risque d'attirer encore davantage l'attention sur la fiscalité avantageuse pratiquée dans le pays - et objet souvent de critiques de la part des partenaires européens de l'Irlande.

"L'Irlande devrait fuir en courant ce genre de transaction, le gouvernement devrait être plus sévère pour les empêcher", a-t-il jugé.

Un certain flou entourait de surcroît l'effet attendu du transfert de JBS sur les statistiques irlandaises. Réputées particulièrement volatiles, ces dernières avaient provoqué l'incrédulité mi-juillet en faisant apparaître que le produit intérieur brut du pays avait cru en 2015 de... 26,3%.

L'Office central des statistiques (CSO) avait évoqué à l'époque, entre autres, "une augmentation énorme de la masse de capitaux d'entreprises" référencé dans le pays.

afp/rp