(Actualisé avec rejet de l'offre par le président du Parlement de Tripoli, déclaration d'Haftar et situation sur le terrain)

par Aidan Lewis et Nadine Awadalla

LE CAIRE, 6 juin (Reuters) - Le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a présenté samedi une nouvelle initiative de paix pour la Libye en proposant, aux côtés du maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle l'est du pays, la création d'un conseil élu et l'instauration d'un cessez-le-feu à partir du lundi 8 juin.

Ce plan, présenté après l'échec d'une offensive du maréchal Haftar sur Tripoli, comporte aussi un appel à des négociations à Genève et au retrait de tous les combattants étrangers de Libye, a ajouté Abdel Fattah al Sissi, également accompagné par le président du parlement de l'Est libyen, Aguila Saleh.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a "salué le résultat obtenu" par l'Egypte, à l'occasion d'un entretien avec son homologue Sameh Choukry, a fait savoir le Quai d'Orsay dans un communiqué.

"Il a souligné que la priorité doit aller à la cessation immédiate des hostilités et à la conclusion rapide d’un cessez-le-feu" et a insisté sur "l’importance de parvenir à l’unification des institutions libyennes (...) et à l’organisation d’élections parlementaires et présidentielles", a ajouté le ministère français des Affaires étrangères.

La Libye ne dispose pas d'institutions stables depuis le renversement en 2011 de Mouammar Kadhafi. Depuis plus de cinq ans, des gouvernements et des parlements concurrents dirigent pour les uns l'ouest du pays et pour les autres l'est du pays.

La proposition de plan de paix d'Abdel Fattah al Sissi intervient quelques jours seulement après l'échec de l'offensive lancée en avril 2019 par le maréchal Haftar sur Tripoli, où siège le gouvernement libyen d'entente nationale (GEN), reconnu par la communauté internationale.

Khaled al Mechri, président du Parlement de Tripoli, a rejeté ce plan émanant selon lui d'une force vaincue, selon Al Djazira.

Après avoir repoussé l'offensive sur Tripoli, les forces du GEN ont poursuivi leur progression et l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a été contrainte de se retirer d'Al Wachka, à l'ouest de la ville côtière de Syrte, ont dit des sources des deux camps.

L'Egypte, avec les Emirats arabes unis et la Russie, s'est rangée du côté de l'ANL mais ce soutien a été insuffisant face à l'appui militaire fourni ces derniers mois au GEN par la Turquie.

Dans une brève déclaration après la présentation du plan égyptien, Khalifa Haftar a dit espérer qu'Abdel Fattah al Sissi pourrait accomplir des "efforts urgents et efficaces pour contraindre la Turquie à cesser complètement le transfert d'armes et de mercenaires vers la Libye".

De multiples projets de trêve et tentatives de relance des négociations de paix ont déjà échoué pour la Libye. Les Nations unies ont néanmoins engagé ces derniers jours des discussions séparées avec les deux camps belligérants pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu. (Avec Mohamed Waly, Ayman al Sahly et Omar Fahmy version française Bertrand Boucey)