Bruxelles (awp/afp) - L'économie européenne a retrouvé des couleurs au printemps avec une croissance en forte hausse et une décrue du chômage mais elle reste à la traîne des Etats-Unis et de la Chine alors que la pandémie menace toujours.

Les progrès dans la vaccination contre le Covid-19 et la levée progressive des restrictions sanitaires ont permis à l'Europe de renouer avec une croissance forte au deuxième trimestre, après une récession cet hiver.

Le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a rebondi de 2% par rapport aux trois premiers mois de l'année, a annoncé vendredi l'Office européen des statistiques Eurostat.

Le chiffre est spectaculaire et dépasse les attentes. Les 19 pays partageant la monnaie unique ont fait mieux que les Etats-Unis (+1,6%) et la Chine (+1,3%).

"Avec la baisse des taux d'infection au Covid-19 et les progrès de la vaccination, la réouverture économique de la zone euro a produit une croissance supérieure aux attentes", a résumé Karl Thompson, économiste du Centre for Economics and Business Research (CEBR).

L'économie européenne reste cependant 3% en dessous de son niveau d'avant la pandémie.

Le PIB devrait retrouver son niveau d'avant-crise au dernier trimestre 2021, avait annoncé début juillet la Commission européenne. Les pays du sud, les plus touchés par l'effondrement du tourisme provoqué par la pandémie, devront même patienter jusqu'au deuxième semestre 2022.

Les Etats-Unis ont déjà atteint cet objectif au printemps et la Chine dès la fin d'année dernière.

Grâce à des confinements moins durs, l'activité aux Etats-Unis, comme en Chine, avait mieux résisté qu'en Europe à la pandémie. Elle y a aussi redémarré plus vite. Le PIB américain devrait bondir de 7% en 2021 et celui de la Chine de 8,1%, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI) publiées mardi.

Même si l'Europe devrait bénéficier des investissements dans l'écologie et le numérique portés par son plan de relance "NextGenerationEU", sa croissance devrait plafonner à 4,6% cette année, estime le FMI. Le rebond ne compensera pas la chute historique de 6,6% subie l'an dernier.

"Comme un moteur diesel"

Vendredi, "les bonnes surprises sont venues des pays méditerranéens", a souligné Andrew Kenningham de Capital Economics. Tirant partie de la réouverture des hôtels et restaurants et du retour des touristes, l'Espagne (+2,8%) et l'Italie (+2,7%) ont fait mieux que l'Allemagne (+1,5%) et la France (+0,9%) au deuxième trimestre.

"On assiste partout au rattrapage des secteurs qui étaient fermés à cause des restrictions sanitaires", explique Selin Ozyurt, économiste de l'assureur-crédit Euler Hermes.

Comme d'autres instituts financiers, la banque ING prévoit la poursuite d'une croissance "très forte" en Europe durant l'été, malgré le variant Delta du coronavirus qui "entraîne certains retards dans l'assouplissement des restrictions" et "les problèmes de chaîne d'approvisionnement qui continuent de peser sur la production manufacturière".

"L'économie de la zone euro continue de fonctionner comme un moteur diesel : il met du temps à démarrer, mais il ne faut pas le sous-estimer une fois qu'il a pris de la vitesse", a commenté Bert Colijn pour ING.

L'embellie sur le front de la croissance s'est en tout cas répercutée sur le marché de l'emploi. Le taux de chômage de la zone euro a nettement reculé en juin, touchant 7,7% de la population active, après 8% en mai, ce qui devrait encore conforter et alimenter la reprise.

Seule ombre au tableau, le taux d'inflation annuel des pays partageant la monnaie unique a augmenté en juillet, à 2,2%, dépassant l'objectif de 2% de la BCE.

Ces tensions sur les prix font craindre aux marchés financiers une remontée des taux d'intérêt. Mais la Banque centrale européenne (BCE) comme le FMI et de nombreux experts les jugent "temporaires", car liées aux prix de l'énergie et à des pénuries de composants dans l'industrie.

"La reprise de l'économie de la zone euro est en bonne voie", avait déclaré la semaine dernière la présidente de la BCE, Christine Lagarde, tout en s'inquiétant d'une éventuelle quatrième vague de la pandémie qui pourrait donner un nouveau coup de frein. De quoi justifier le maintien de sa politique monétaire accommodante.

afp/rp