Les pressions sur Theresa May pour obtenir sa démission dans le contexte de crise autour du Brexit et de mauvais indicateurs allemands contribuent à l'aversion au risque alors que les électeurs britanniques et néerlandais donnent le coup d'envoi des élections européennes étalées sur quatre jours.

À Paris, le CAC 40 recule de 1,64% à 5.290,56 points vers 08h40 GMT. À Francfort, le Dax cède 1,63% et à Londres, le FTSE abandonne 0,74%, son repli étant limité par la faiblesse de la livre sterling.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro cède 1,6%, le FTSEurofirst 300 1,01% et le Stoxx 600 1,31%.

Les investisseurs craignent que les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, qui ont déjà affecté la croissance et l'investissement dans le monde, ne s'aggravent sans perspective d'apaisement dans un avenir prévisible.

"Tant les Etats-Unis que la Chine semblent se préparer à une longue période de conflit commercial", écrivent les analystes de Nomura dans une note. "Nous pensons que les pressions et les contraintes intérieures vont conduire les deux parties à une nouvelle escalade."

Après l'équipementier des télécoms Huawei Technologies, l'administration Trump pourrait cibler le fabricant chinois de caméras de surveillance Hikvision en restreignant ses capacités à acheter des composants auprès de sociétés américaines, selon des sources.

Pour ne rien arranger, l'armée américaine a déclaré avoir envoyé mercredi deux navires dans le détroit de Taïwan, une zone stratégique où la fréquence des mouvements américains a augmenté.

Le ministère du Commerce chinois a déclaré jeudi que Washington devait corriger ses erreurs si elle souhaite reprendre les négociations avec Pékin, en ajoutant que les discussions devaient être fondées sur un respect mutuel.

Sur le plan macroéconomique en Allemagne, l'indice PMI du secteur manufacturier est tombé, selon l'estimation "flash", à 44,3 ce mois-ci, s'inscrivant pour le cinquième mois consécutif sous le seuil des 50 qui marque la séparation entre la croissance et la contraction de l'activité, tandis que l'indice Ifo du climat des affaires s'est dégradé.

Pour l'ensemble de la zone euro, les indices PMI "flash" sont peu encourageants: la croissance dans le secteur privé s'est légèrement accélérée au mois de mai mais pas autant qu'attendu, la contraction du secteur manufacturier continuant de la freiner et menaçant de se propager aux services.

En France en revanche, l'activité dans le secteur privé a renoué avec la croissance dans l'industrie manufacturière comme dans les services.

Les investisseurs attendent le compte rendu de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) du 10 avril, à 11h30 GMT, puis les inscriptions hebdomadaires au chômage et les ventes de logements du mois d'avril aux Etats-Unis, à respectivement 12h30 et 14h00 GMT.

VALEURS

Le secteur technologique européen accuse le coup (-1,94%), leur indice affichant la deuxième plus forte baisse sectorielle derrière celui de l'automobile (-3%), également très sensible au climat commercial. Aux valeurs individuelles, STMicroelectronics perd 2,71%.

Vivendi recule de 2,93%. Le groupe se tourne vers des acteurs industriels pour céder une participation dans sa filiale Universal Music Group (UMG) alors que certains fonds d'investissement rechignent à se porter candidats face au prix et à la lenteur de la procédure, a rapporté Bloomberg.

Casino perd plus de 6% en attendant un communiqué de sa maison mère Rallye et des holdings Foncière Euris et Finatis, qui sont toutes les trois suspendues, un analyste évoquant une possible restructuration de la dette.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 0,62%, rattrapée par le regain de tension sur le commerce entre les Etats-Unis et la Chine après une brève accalmie mercredi. Les investisseurs se sont notamment détournés des valeurs technologiques en vue de sanctions contre Hikvision.

L'activité manufacturière au Japon s'est contractée en mai sous l'effet du ralentissement des nouvelles commandes à l'exportation à un plus bas en quatre mois, justifiant les craintes de Tokyo et des investisseurs autour de l'impact du conflit commercial sino-américain sur l'économie japonaise.

Les marchés chinois ont également reculé avec les technologiques et leurs indices de référence ont terminé au plus bas depuis trois mois.

L'indice du secteur des hautes technologies de Chine continentale a cédé 3,45% et celui de Hong Kong 3,93%. Un indice des grandes valeurs des télécoms chinoises a chuté de 3,65%.

A WALL STREET

Wall Street a terminé la séance de mercredi en baisse, plombée une nouvelle fois par les conflits commerciaux, alors qu'elle avait la veille remonté la pente grâce à des éléments permettant d'espérer un apaisement des tensions.

L'indice Dow Jones a perdu 100,72 points, soit 0,39%, à 25.776,61 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 8,09 points, soit 0,28%, à 2.856,27 points. Le Nasdaq Composite a laissé 34,88 points (0,45%) à 7.750,84 points.

La publication du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale n'a guère eu d'impact sur le marché.

L'approche patiente en matière de politique monétaire sera sans doute encore la norme "pendant quelque temps", ont convenu les responsables de la Fed, lit-on dans les "minutes".

TAUX

Le rendement du Bund allemand à 10 ans, référence pour la zone euro, est passé sous -0,1% après les indices PMI "flash" européens et l'indice Ifo.

Le contexte de tensions commerciales, le regain d'inquiétude autour du Brexit et les, qui l'ont emporté sur l'impact des "minutes" de la Fed, les rendements des obligations européennes et américaines sont en baisse.

Le dix ans américain évolue à 2,364%, contre 2,393% la veille.

CHANGES

Les tensions commerciales profitent aux devises jugées les moins risquées, notamment le yen, et le franc suisse.

En revanche, le billet vert se tient mieux face à l'euro et à la livre sterling alors que la crise autour du Brexit s'intensifie. Theresa May, la Première ministre britannique devrait en effet annoncer vendredi sa démission, selon le quotidien The Times.

L'"indice dollar", qui mesure ses fluctuations face à un panier de devises de référence, est en hausse de 0,18%, au plus haut depuis près d'un mois.

PÉTROLE

Les cours du pétrole poursuivent leur baisse à la suite de la hausse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière, venue s'ajouter aux craintes de baisse de la demande.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) perd encore 0,62% à 61,04 dollars le baril, après avoir reculé de 2,71% la veille, et le Brent 0,76% à 70,45 dollars, après un repli de 1,65% mercredi.

(Avec Wayne Cole, édité par Marc Angrand)

par Juliette Rouillon