L'appel a été lancé par le commissaire à l'issue d'une table ronde avec 13 ministres de l'Industrie de l'Union européenne, dont le Français Arnaud Montebourg et ses homologues luxembourgeois et belge, des responsables syndicaux et des chefs d'entreprises.

ArcelorMittal a annoncé son intention de fermer les deux hauts-fourneaux de Florange, en France, ainsi qu'une cokerie et six lignes de production sur son site de Liège, en Belgique. Le groupe a également suspendu pour une période indéterminée les activités de son four à arc de Schifflange au Luxembourg.

Le sidérurgiste a rétorqué qu'il ne pouvait surseoir à son projet, au vu d'une demande fortement réduite en Europe.

"Si nous ne répondons pas (à la baisse de la demande européenne), cela ne pourra qu'affaiblir le groupe en Europe et menacer la viabilité d'autres sites", a dit ArcelorMittal.

L'UE compte 360.000 salariés dans le secteur de l'acier, qui a subi une baisse de la demande en Europe de 9,7% l'an dernier, selon Eurofer, le lobby des producteurs.

Eurofer prévoit que la demande européenne baissera encore de 0,7% en 2013, en tenant compte de l'ajustement des stocks, avant de remonter de 3% en 2014. Si ces prévisions se confirment, elle n'atteindra néanmoins que 146 millions de tonnes, un niveau inférieur de 27% à ce qu'il était en 2007, avant la crise.

CONTRAINTES DE L'UE

Même si elle profite par ailleurs d'une hausse de la demande dans les économies émergentes, l'industrie européenne déplore une réglementation européenne trop tatillonne, en particulier en matière d'environnement.

L'UE, dont le programme environnemental est l'un des plus contraignants au monde, compte réduire ses émissions de CO2 de 20% d'ici 2020 par rapport à leur niveau enregistré en 1990, et souhaite les abaisser de manière encore plus sensible d'ici 2050.

Le réchauffement climatique est l'un des objets abordés par une série de recommandations exprimées à l'issue de la table ronde de mardi, où ont également été évoqués le commerce, la politique énergétique et les matières premières.

"Si les entreprises partent hors des frontières de l'UE, cela posera un problème aux travailleurs comme à la lutte contre le réchauffement climatique", a prévenu Antonio Tajani.

Wolfgang Eder, directeur général du groupe autrichien Voestalpine et président d'Eurofer, a souligné de son côté que les producteurs européens subissaient des prix du gaz quatre fois supérieurs aux Etats-Unis, où l'exploitation des gaz de schiste est généralisée. Les coûts d'électricité sont eux plus élevés de 40% en Europe.

"Si la structure des coûts n'est pas radicalement corrigée au cours des cinq prochaines années, je prévois une baisse de 50% de notre production d'ici 2030", a-t-il déclaré, mentionnant également le niveau élevé du coût du travail en Europe.

Philippe Blenkinsop, Julien Dury pour le service français