PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue dans le rouge et les Bourses européennes creusent leurs pertes à mi-séance jeudi, le regain d'inquiétude suscité à la fois par la situation sanitaire globale et par l'économie chinoise favorisant un regain marqué d'aversion au risque qui alimente aussi la baisse des rendements obligataires.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de 1,5% pour le Dow Jones, de 1,45% pour le Standard & Poor's 500 et de 1,43% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 perd 2,21% à 6383,69 points vers 10h35 GMT, au plus bas depuis le 27 mai. A Londres, le FTSE 100 cède 1,84% et à Francfort, le Dax recule de 1,74%.

L'indice EuroStoxx 50 abandonne 2,26%, le FTSEurofirst 300 1,72% et le Stoxx 600 1,82%.

En Asie, la Bourse de Shanghai a fini la journée sur un repli de 0,79% après les déclarations de la Banque populaire de Chine (BPC) sur sa volonté d'utiliser l'encadrement des réserves obligataires des banques pour soutenir l'économie, qui ont ravivé les craintes d'un ralentissement de la croissance.

Le sujet s'ajoute aux préoccupations liées à la propagation rapide du variant Delta du coronavirus dans de nombreux pays, qui conduisent à de nouvelles restrictions sanitaires, aux interrogations persistantes sur les politiques monétaires et l'inflation ainsi qu'au durcissement de la réglementation chinoise dans le domaine des hautes technologies.

Le compte rendu de la réunion de juin de la Réserve fédérale publié mercredi n'a pas permis de clarifier le calendrier possible du "tapering", la diminution progressive des achats d'obligations de la Fed sur les marchés qui devrait être la première étape du resserrement de sa politique.

Raphael Bostic, le président de la Fed d'Atlanta, a par la suite mis en garde contre le risque que les variants du coronavirus font peser sur la reprise américaine.

La Banque centrale européenne (BCE), elle, publiera le compte rendu de sa dernière réunion à 11h30 GMT et elle aura dévoilé une demi-heure avant les conclusions de sa revue stratégique, avec sans doute un nouvel objectif d'inflation. Sa présidente Christine Lagarde, donnera à cette occasion une conférence de presse à 12h30 GMT.

Les marchés surveilleront aussi les chiffres hebdomadaires des inscriptions au chômage aux Etats-Unis, à 12h30 GMT également.

VALEURS EN EUROPE

Aucun des grands secteurs de la cote européenne n'est épargné par la baisse mais les replis les plus prononcés sont pour le compartiment des matières premières (-3,42%), le plus exposé aux doutes sur la croissance chinoise, et celui des banques (-2,82%), toujours affecté par la baisse des rendements obligataires, qui pèse sur leurs marges.

A Paris, où toutes les valeurs du CAC 40 sont dans le rouge, Société générale cède 4,23%, BNP Paribas 3,38%, ArcelorMittal 3,75%.

Parmi les rares hausses marquantes du jour en Europe, l'équipementier automobile allemand Knorr-Bremse gagne 6,42% après avoir renoncé à acquérir la majorité du capital de son compatriote Hella.

TAUX

Le mouvement de baisse des rendements obligataires déjà sensible depuis le début de la semaine continue de s'amplifier, nourri par de multiples facteurs techniques et fondamentaux.

Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans affiche ainsi une baisse de plus de six points de base à 1,2546%, son plus bas niveau depuis la mi-février; il accuse désormais un repli de plus de 25 points en moins de deux semaines.

Celui du Bund allemand à dix ans, à -0,338%, perd près de cinq points de base et évolue au plus bas depuis près de trois mois. Son équivalent français est lui brièvement redevenu nul pour la première fois depuis le 27 avril.

CHANGES Les cambistes se détournent des devises jugées les plus risquées pour privilégier les monnaies refuges, à commencer par le yen, qui s'achemine vers sa plus forte hausse sur une séance face au dollar depuis le début de l'année (-0,73%).

Le billet vert cède 0,12% face à un panier de devises de référence et l'euro s'apprécie avant les annonces de la BCE, à 1,1827 dollar (+0,32%).

PÉTROLE

Le marché pétrolier n'échappe pas au mouvement général d'aversion au risque et continue de souffrir des incertitudes sur la stratégie de production de l'Opep+, les tensions au sein de l'alliance faisant craindre à certains observateurs un abandon pur et simple de l'encadrement des pompages.

En baisse pour la troisième séance d'affilée, le Brent cède 0,76% à 72,87 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) perd 1% à 71,48 dollars.

(Reportage Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)

par Marc Angrand