Les données sur l'activité commerciale de la Chine après le Nouvel An lunaire donneront une idée de la santé de l'économie numéro deux mondiale, tandis que les Nigérians se rendent aux urnes pour la première des élections clés des marchés émergents de cette année.

Voici un aperçu de la semaine à venir sur les marchés par Ira Iosebashvili à New York, Rae Wee à Singapour et Naomi Rovnick, Dhara Ranasinghe et Karin Strohecker à Londres.

1/ FED VS ACTIONS

Les rapports sur les commandes de biens durables, les prix des logements, ainsi que la confiance des fabricants et des consommateurs aux États-Unis menacent de cimenter les attentes de nouvelles hausses des taux de la Fed et d'assommer le rallye boursier du début de l'année.

L'évidence d'une économie plus forte que prévu a forcé les investisseurs à recalibrer les projections concernant l'attitude belliqueuse de la Fed, ce qui a fait grimper les rendements obligataires et pesé sur les gains boursiers. Le S&P 500 a réussi à s'accrocher à un gain de 4,5 % depuis le début de l'année, mais il est bien loin de ses sommets.

Les données de mardi sur la confiance des consommateurs pourraient être particulièrement intéressantes, proposant un aperçu de l'opinion des ménages sur les perspectives économiques et les attentes en matière d'inflation. Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à une lecture médiane de 109,5 sur l'indice, qui a chuté de manière inattendue en janvier.

Graphique 1 : Les consommateurs américains sont plus optimistes en février, https://www.reuters.com/graphics/USA-CONSUMERS/T5/lbpgglgkopq/chart.png

2/ SE PRÉPARER À UN ATTERRISSAGE DIFFICILE

Les conditions économiques deviennent-elles trop roses pour que les marchés puissent les supporter ? L'idée d'un "no landing", qui bouleverse une foule de transactions populaires basées sur un scénario d'entrée en récession de l'économie mondiale, gagne du terrain grâce à des données étonnamment optimistes.

La Chine a rouvert ses portes après avoir été bloquée par le COVID, les marchés du travail américains sont en plein essor et les dépenses de consommation se maintiennent, tandis que la crise énergétique en Europe s'est atténuée.

Pourtant, l'inflation reste collante, ce qui pourrait maintenir les grandes banques centrales sur la voie de la hausse des taux d'intérêt.

Cette situation est gênante pour les investisseurs qui ont acheté des obligations d'État et parié sur un dollar plus faible cette année, en espérant que les économies ralentiraient et que les banques centrales interrompraient leurs campagnes de hausse des taux. Un atterrissage en douceur pourrait encore se produire. Mais si les données des prochains jours indiquent que la croissance et l'inflation restent robustes, les marchés des actions et des obligations pourraient encore baisser.

Graphique 2 : Les prévisions de croissance économique s'orientent à la hausse, https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKETS/zdvxdxojnvx/chart.png

3/SEMAINE DE L'INFLATION

C'est la semaine de l'inflation dans la zone euro. Les données préliminaires de février de l'Allemagne, de la France, de l'Espagne et du Portugal sont attendues lundi et mardi, suivies par le chiffre flash à l'échelle du bloc jeudi.

Les pressions sur les prix s'atténuent : l'inflation globale de la zone euro a diminué à 8,6 % en janvier, contre 9,2 % le mois précédent. Pourtant, les chiffres de jeudi ne devraient pas calmer les faucons de la Banque centrale européenne qui prônent la poursuite des hausses de taux agressives.

L'accent sera probablement mis sur l'inflation de base, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie. Elle s'avère tenace et pourrait encore augmenter par rapport aux 5,3 % de janvier.

Les marchés ont compris le message et ont renouvelé les paris sur une hausse du taux de dépôt de 2,5 % de la BCE. La Deutsche Bank vient de relever sa prévision pour le pic des taux de la BCE de 3,25 % à 3,75 %.

Graphique 3 : La BCE reste en mode de hausse des taux pour contenir l'inflation, https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKET/znpnbxbjypl/chart.png.

4/REDÉMARRAGE RAPIDE

La réouverture de la Chine a été rapide et furieuse après une accalmie de trois ans. La publication des indices PMI mercredi pourrait montrer si l'activité industrielle dans la deuxième plus grande économie du monde a repris avec un bang ou un gémissement après la pause du Nouvel An lunaire.

Des chiffres solides pourraient raviver un peu l'enthousiasme déclinant pour la réouverture du commerce - où l'optimisme semble s'essouffler. L'indice CSI 300, l'une des valeurs vedettes de l'action A, est largement stable sur le mois après avoir bondi de 7 % en janvier.

Les investisseurs particuliers restent à l'écart de la reprise des actions, et la récente disparition de la star chinoise Bao Fan fait craindre aux investisseurs que la répression réglementaire de Pékin soit loin d'être terminée. L'escalade des tensions entre Washington et Pékin au sujet d'un ballon espion chinois présumé et de Taïwan plane sur la thèse de l'investissement en Chine.

Graphique 4 : L'activité économique chinoise rebondit en janvier 2023, https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKET/dwpkdzdqqvm/chart.png

5/ LE TEMPS DE VOTER

Les Nigérians votent samedi dans ce qui pourrait être leur compétition électorale la plus crédible et la plus serrée depuis la fin du régime militaire il y a près d'un quart de siècle. C'est également la première élection dans laquelle un candidat à la présidence qui n'est pas issu de l'un des deux principaux partis a une chance.

Quel que soit le candidat choisi par les Nigérians pour succéder au président Muhammadu Buhari, il devra résoudre une litanie de crises qui se sont aggravées sous l'administration actuelle - du banditisme généralisé et de la violence militante à la corruption systémique, et de la forte inflation aux pénuries d'argent généralisées.

De nombreuses autres économies de marché émergentes approchent également de la croisée des chemins électoraux. Le gouvernement de la Turquie dirigé par le président Tayyip Erdogan pourrait organiser des élections à la suite du tremblement de terre dévastateur, comme prévu en juin. Les péronistes argentins cherchent à se faire réélire en octobre et les électeurs pakistanais se rendront probablement aux urnes le même mois.

Graphique 5 : L'inflation galopante du Nigeria, https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKETS/THEMES/zjpqjyjmmvx/chart.png