New York (awp/afp) - L'euro poursuivait son recul face au dollar mercredi, atteignant un nouveau plus bas depuis deux décennies et s'approchant de la parité face à un billet vert, qui reste roi malgré le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis.

Vers 18H30 GMT, l'euro cédait 0,88% à 1,0175 dollar, après avoir reculé jusqu'à 1,0162 dollar, un plus bas depuis décembre 2002.

"Il paraît inévitable qu'on atteigne la parité" de l'euro avec le dollar "et il y a peu de raison pour que cela se passe autrement alors que la situation macroéconomique se détériore en Europe et que l'inflation est un problème général", résumait pour l'AFP Mazen Issa, stratégiste sur le marché des changes pour la société de courtage TD Securities.

"La question qui se pose désormais est même de savoir si l'euro va ou non passer en dessous du dollar. C'est un risque qu'on ne peut pas exclure", a-t-il ajouté, alors que la différence de rythme entre les politiques monétaires des Etats-Unis et de l'Union européenne va persister.

Plombé par les perspectives économiques moroses de la zone euro doublées d'une menace de pénurie d'énergie, l'euro plonge depuis mardi.

"L'effet cumulé de craintes de récession en Europe et de turbulences financières alimentées par une nouvelle flambée des prix de l'énergie dans la région (notamment les prix du gaz et de l'électricité)" pèse sur la devise européenne, indiquait Guillaume Dejean, analyste chez Western Union.

La fin forcée d'une grève en Norvège pour relancer coûte que coûte la production dans trois gisements de pétrole et de gaz n'a pas suffi à rassurer les investisseurs, qui restent focalisés sur la situation en Ukraine et en Russie.

"Si la Russie ne relance pas ses exportations, il est probable que l'UE soit en manque de gaz à la fin de l'hiver", prévenait Holger Schmieding, analyste chez Berenberg.

"Le pic des prix du gaz et l'incertitude sur le marché de l'énergie sont les principales raisons pour lesquelles nous nous attendons à une récession en zone euro à partir de l'automne 2022 et jusqu'à mi-2023, et pas une simple stagflation", estime-t-il.

La BCE "entre le marteau et l'enclume"

La Réserve fédérale américaine (Fed), dans le compte-rendu de sa dernière réunion monétaire publié mercredi, s'est inquiétée d'une inflation qui pourrait "s'enraciner" aux Etats-Unis et a réitéré sa volonté de continuer à relever les taux d'intérêt pour atténuer les pressions sur les prix.

Elle avait déjà resserré la vis monétaire de trois-quarts de point de pourcentage mi-juin et pour les marchés, il y a 90% de chances qu'elle fasse de même à sa réunion du 27 juillet, selon les calculs des contrats à terme de CME Group.

Dans le même temps, si la Banque centrale européenne (BCE) s'apprête à relever ses taux également, "elle ne peut pas suivre le rythme de la Fed", vu les craintes de récession et surtout, les risques de "fragmentation" ou écarts de taux sur le marché de la dette en zone euro.

"La BCE essaye de déployer des mesures pour contrecarrer la montée des rendements des obligations de pays périphériques", soulignait Mazen Issa. "Elle est vraiment coincée entre le marteau et l'enclume", notait l'expert.

Le billet vert devient ainsi la valeur refuge car même si l'économie américaine ralentit aussi, à terme la Fed aura la marge de manoeuvre de rebaisser un peu les taux pour redynamiser la machine économique, comme le suggère Ulrich Leuchtmann, analyste chez Commerzbank.

La Réserve fédérale pourrait "relancer l'économie en assouplissant sa politique monétaire alors que les Européens peineraient à compenser leur manque de gaz", a expliqué l'analyste.

"Il est logique que le dollar américain soit le grand vainqueur de cette situation", a-t-il conclu.

Pour Mazen Issa, il n'y avait "guère d'espoir pour l'euro". "Dans un tel environnement, le dollar reste roi".

L'euro était "tellement peu attractif que même une crise politique majeure" au Royaume-Uni ne permettait pas à la devise européenne "de remonter face à la livre!", soulignait Kit Juckes, analyste chez Société Générale.

La livre prenait en effet 0,60% à 85,42 pence pour un euro, alors que les incertitudes s'amoncèlent sur le futur du Premier ministre britannique Boris Johnson après les démissions spectaculaires de deux de ses ministres et de plusieurs autres membres du gouvernement.

        Cours de mercredi Cours de mardi

        18H30 GMT               21H00 GMT

EUR/USD 1,0175                  1,0266

EUR/JPY 138,35                  139,47

EUR/CHF 0,9896                  0,9943

EUR/GBP 0,8542                  0,8594

USD/JPY 135,96                  135,85

USD/CHF 0,9725                  0,9685

GBP/USD 1,1911                  1,1947

afp/rp