Les dons en crypto explosent

C’est inédit, les solutions blockchains ont démontré leur puissance pour contribuer à l’effort humanitaire pour le peuple ukrainien et soutenir son gouvernement assiégé. Le premier ministre Ukranien, Denys Chmyhal’s, a lancé un appel aux dons sur les réseaux sociaux en publiant trois liens permettant à quiconque d’envoyer du bitcoin, de l’ether et du stablecoin USDT sur des portefeuilles numériques :

Depuis, des dons avec d’autres cryptomonnaies sont possibles, notamment avec le polkadot ou encore avec le dogecoin par exemple.

La répartition des actifs numériques reçus par le gouvernement Ukrainien
Source : Elliptic
Collecte de de fonds crypto en Ukraine
Source : Elliptic

Tenez vous bien, c’est pas moins de 63,8 millions de dollars qui ont été récoltés pour l'instant par les fonds crypto dédiés au soutien pour l’Ukraine, et le vice-ministre de la transformation numérique, Alex Bornyakov, n’a pas tardé à réagir face à cet élan de générosité. 

“Un grand merci à tous ceux qui ont fait un don au Fond Crypto pour l’Ukraine. Chaque casque et gilet achetés via les dons en cryptomonnaie sauve actuellement la vie de soldats ukrainiens” .

Le vice-ministre est même allé jusqu'à partager sur Twitter la liste du matériel acheté grâce aux dons en cryptomonnaie. 

- 5550 gilets pare-balles
- 500 casques de combats
- 3427 kits médicaux
- 410 000 rations alimentaires
- 60 talkie-walkies
- 3125 équipements de vision nocturne et thermique

Les dons en provenance de la vente de NFT (jetons non-fongibles), ces certificats d’authenticité d’objets numériques, ont aussi contribué à l’effort humanitaire. Un NFT CryptoPunk d’une valeur de plus de 200 000 dollars a été envoyé sur le compte Ethereum du gouvernement ukrainien. D’autres NFT ayant une valeur de plusieurs millions de dollars ont été également vendus, comme par exemple un NFT du drapeau ukrainien vendu pour 6,5 millions de dollars en éther, ce qui en fait l’un des NFT les plus chers jamais vendus. 

Le gouvernement Ukrainien a même lancé en partenariat avec FTX, une plateforme de cryptomonnaies, un site permettant d’acheminer les bitcoins et les cryptomonnaies directement vers la banque centrale ukrainienne. Force est de constater que les solutions blockchains ont permis et permettent toujours de soutenir l’Ukraine face à l’épouvantable situation qu’elle subit actuellement. Mais la Russie en profite-t-elle aussi ? 

La Russie face aux cryptos 

Dans un premier temps, les plateformes Coinbase et Binance ont refusé de couper les adresses russes et ont mis en avant leur caractère apolitique. Cependant, les deux plateformes d’échange ont affirmé qu’elles respectaient désormais les sanctions internationales en bloquant les accès aux oligarques russes. Si Binance reste plus en retrait en ne communiquant aucun chiffre concernant le blocage d’adresses russes, la plateforme américaine, Coinbase, a affirmé de son côté avoir identifié et gelé pas moins de 25 000 adresses ayant “un lien direct ou indirect avec des personnes et entités qui posent problème”.

Pour redorer son image, le PDG de Binance, Changpeng Zhao, a annoncé, via l’entité “Binance Charity”, avoir réalisé un don de 2,5 millions de dollars en cryptomonnaies à l’UNICEF pour l’Ukraine. Oui car vous ne le savez peut-être pas, mais l’UNICEF a créé un fond en 2019 lui permettant de recevoir, conserver et débourser des dons en cryptomonnaies. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance n'en est donc pas à son premier coup d'essai. 

Il convient de noter que la Russie n’est pas étrangère aux cryptomonnaies. Il est difficile d’estimer le montant exact de crypto détenu par le peuple Russie, mais les sources vont de 22 milliards de dollars à 220 milliards de dollars concernant le montant de détention de crypto par les investisseurs russes. Le pays est aussi responsable de près de 14% de la puissance de hachage de BTC nécessaire pour valider les blocs sur le réseau, il s’agit du troisième plus grand centre minier de bitcoins au monde après les Etats-Unis et le Kazakhstan. 

Les crypto-investisseurs russes tremblent 

D’après un rapport de Reuters, les courtiers suisses auraient reçu de nombreuses demandes de liquidations de positions crypto au moment où des sanctions sont imposées sur les actifs russes. Les courtiers évoquent le fait que les clients russes ont peur de voir leurs actifs gelés et cherchent donc des pays sûrs pour investir. Mais il y a un couac pour ces clients fortunés. La Suisse a déclaré que les actifs cryptographiques étaient soumis aux mêmes sanctions et mesures que celles des autres pays occidentaux. Dans ce cadre, les personnes sanctionnées pourraient voir très probablement leurs actifs numériques gelés en Suisse. 

De leur côté, les entreprises exploitant les cryptomonnaies aux Emirats arabes unis (EAU) sont “inondées de demandes de liquidation de milliards de dollars de monnaie virtuelle alors que les Russes cherchent un refuge pour leur fortune”. Les Emirats arabes unis ne prennent pas parti entre les occidentaux et la Russie, ce qui peut-être interprété comme un signal fort pour les investisseurs russes qu’il s'agisse d'une région du globe où leurs fonds seraient placés en toute sécurité. 

Les Emirats arabes unis ont été placés sur une “liste grise” pour une surveillance renforcée par le groupe de surveillance de la criminalité financière et du blanchiment d’argent (GAFI) au moment où les occidentaux ont déclaré qu’ils étaient sceptiques quant à la répression par les Emirats arabes unies de la richesse russe dans l’Etat du Golfe, citant la position neutre du pays dans le conflit.  

Ainsi, même si les principales plateformes telles que Coinbase ou Binance prennent des mesures relativement strictes pour s’assurer que les cryptos ne soient pas utilisées comme moyen d’échapper aux sanctions et qu’ils disent collaborer avec les forces de l’ordre, les flux monétaires de crypto pourraient déjà bien avoir eu lieu. Les Emirats arabes unis, en étant relativement souples quant aux termes de réglementation et d’autorités concernant les transferts de crypto, pourraient bien profiter de la crypto provenant de la Russie. Il convient de noter, que les investisseurs russes les plus habiles, ont pu potentiellement rapidement envoyer leurs fonds vers d’autres plateformes, décentralisées ou centralisées, parfois obscures, pour échapper aux sanctions occidentales appliquées sur les majors telles que Coinbase et Binance.