La BCE a toutefois tendu la main au Portugal, malmené par les agences de notation - Moody's a relégué la dette du pays en catégorie spéculative - en s'engageant à continuer à fournir de la liquidité à ce pays.

"Nous continuerons à suivre très attentivement toutes les évolutions relatives aux risques orientés à la hausse pour la stabilité des prix", a déclaré Jean-Claude Trichet lors de la conférence de presse qui a suivi le tour de vis de la banque centrale.

Avant ce point de presse, les économistes avaient indiqué que l'utilisation de cette expression par le banquier central serait le signal d'une nouvelle hausse du coût du crédit cette année, sans doute au dernier trimestre.

"Avec la conférence de presse d'aujourd'hui, c'est clair comme de l'eau de roche que la BCE reste orientée vers de nouveaux tours de vis monétaires malgré la persistance de la crise de la dette", commente Martin van Vliet, économiste chez ING.

"Il semble que la BCE soit disposée à la rigueur monétaire, ce qui laisse supposer une nouvelle hausse d'un quart de point à 1,75% au quatrième trimestre", note Howard Archer (Global Insight).

Greg Fuzesi, économiste de JPMorgan, dit: "Nous pensons que la BCE accompagnera les prochaines projections de l'Eurosystème en septembre de son signal de 'grande vigilance', annonçant 0,25 point en octobre".

Le taux d'inflation dans la zone euro est resté stable à 2,7% en juin sur un an, soit un peu moins que prévu, mais très au-dessus de l'objectif d'une hausse des prix très légèrement inférieure à 2% que s'est fixé la BCE.

Selon Jean-Claude Trichet, la politique monétaire de la BCE reste accommodante même après le tour de vis de jeudi.

Le relèvement des trois taux directeurs - le principal, celui de refinancement, est porté à 1,5% - était attendu: la BCE avait récemment réaffirmé qu'elle était en mode "grande vigilance", expression standardisée traditionnellement utilisée pour signaler une hausse des taux d'intérêt.

COUP DE GRIFFE AUX AGENCES DE NOTATION

Le taux de refinancement devrait être porté à 1,75% à la fin de l'année, pensent des économistes qui avaient été interrogés par Reuters. Pour la prochaine hausse, seuls deux nouveaux relèvements des taux directeurs, d'un quart de point chacun, sont prévus par le marché.

Le Danemark, qui vise un taux stable entre l'euro et la couronne danoise, a relevé ses taux directeurs dans la foulée de la BCE, tandis que la Banque d'Angleterre a laissé son taux directeur à un point bas record.

Non content de commenter la décision de la BCE et de suggérer que la hausse du loyer de l'argent n'était pas terminée, Jean-Claude Trichet a tendu la main au Portugal et donné un coup de griffe en direction des agences de notation après la décision controversée annoncée par Moody's mardi soir de rétrograder la dette du pays en catégorie spéculative.

En clair, bien que la dette portugaise ne soit plus notée en catégorie "investissement", elle sera acceptée par la BCE en garantie des demandes d'aide financière.

"Il est également clair, a ajouté Jean-Claude Trichet, qu'une structure de petit oligopole n'est pas (...) désirable au niveau de la finance mondiale."

Mercredi, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, avait plaidé pour l'imposition de limites à l'"oligopole" des agences de notation.

Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker s'est dit jeudi favorable à un agence européenne de notation tandis que la France a dit souhaiter réglementer les agences de notation.

Danielle Rouquié pour le service français, avec la contribution de Marc Angrand