L'évolution démographique a déjà un effet baissier sur les taux d'intérêt, privant la BCE d'une partie de sa puissance de feu conventionnelle et rendant plus difficile l'atteinte de son objectif d'inflation, a-t-il expliqué lors d'une conférence à Madrid.

L'objectif de la BCE d'une inflation inférieure à mais proche de 2% n'a pas été atteint depuis cinq ans et ne devrait pas l'être avant la fin de la décennie, ce qui donne à penser que la politique monétaire a perdu de son pouvoir en dépit des mesures exceptionnelles mises en oeuvre pour stimuler l'économie.

"Il faut être prudent sur le fait de compter sur les banques centrales pour répondre à des problèmes qui au bout du compte sont causés par des inefficacités structurelles économiques et financières", a déclaré Peter Praet.

Si les outils conventionnels de politique monétaire ont jusqu'ici prouvé leur efficacité, le taux d'intérêt neutre, aussi appelé taux d'équilibre, a fortement baissé à mesure que le vieillissement de la population entraînait un accroissement de l'épargne, une moindre croissance de la productivité et une hausse de la proportion de retraités au regard des actifs, a-t-il fait valoir.

"Les récessions pourraient durer plus longtemps et les phases de reprise pourraient être plus lentes et moins profondes, avec un risque accru tout du long de manquer l'objectif", a poursuivi Peter Praet.

Parmi les solutions possibles figurent le relèvement de l'âge de la retraite et des politiques encourageant la participation à l'emploi, par exemple au travers d'une mobilité accrue ou de la formation, a-t-il dit.

Il a aussi appelé de ses voeux des politiques visant à renforcer la croissance de la productivité, notamment en étendant des mesures déjà existantes à l'ensemble de la zone euro.

(Paul Day et Jesús Aguado, Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Angrand)