Londres (awp/afp) - La Banque d'Angleterre (BoE) doit annoncer jeudi sa décision de politique monétaire, sans changement prévu, mais son discours sera très suivi sur la crainte d'une remontée de l'inflation qui a bousculé le marché alors que la reprise post-pandémie se profile.

Ni changement de taux, actuellement à un plus bas historique de 0,1%, ni ajustement du montant du programme de rachats d'actifs (QE) n'est à prévoir lors de l'annonce à 12H00 GMT (13H00 HEC) au lendemain de la réunion.

Mais le rendez-vous est très attendu, alors que les investisseurs sont tiraillés depuis plusieurs semaines par une question: est-ce que les mesures de relance de l'économie, prises par les banques centrales et les gouvernements, sont allées trop loin pour compenser les confinements, au risque d'inonder le monde de liquidités et de créer une inflation incontrôlable?

La question a fait grimper les taux sur le marché obligataire, ce qui pourrait coûter cher au gouvernement britannique, qui s'est endetté pour soutenir l'économie en pleine pandémie.

"Au début de l'année, certains observateurs pensaient encore que la Banque d'Angleterre allait adopter des taux négatifs, mais maintenant, le gros problème de la BoE est la hausse des taux d'intérêt et la crainte d'une montée de l'inflation alors que l'économie va rouvrir sur les prochains mois", prévient Matthew Weller, analyste chez Forex.com, dans une note.

Le Royaume-Uni est le pays le plus endeuillé d'Europe avec plus de 125'000 morts dus au Covid-19 mais également celui dont l'économie a été le plus affectée par la pandémie (chute de 9,9% du PIB en 2020).

Péril des "deux côtés"

Mais la campagne rapide de vaccination (plus de 25 millions de personnes ont reçu une première dose) pousse les économistes à parier sur une reprise plus rapide, alors que le calendrier de déconfinement prévu par le gouvernement de Boris Johnson avance à pas prudents.

Ce qui pourrait conduire en théorie la Banque d'Angleterre à augmenter ses taux directeurs.

Pour l'instant, la relance n'est pas acquise: l'économie s'est contractée de 2,9% en janvier et se trouve encore 9% sous son niveau de février 2020, avant le choc de la pandémie.

Le gouverneur de la Banque, Andrew Bailey, a souligné lundi que les risques pour l'économie britannique se situent à présent "des deux côtés", avec à la fois la crainte que la situation sanitaire empire, plombant l'économie, et la possibilité d'une relance rapide qui ferait grimper l'inflation.

"Le comité monétaire va se méfier, il ne veut pas que les marchés voient (son optimisme) comme le signe que les taux directeurs vont monter rapidement. Nous nous attendons donc à ce que le comité rappelle que le seuil auquel une hausse des taux sera justifiée est élevé", notent les analystes de BNP Paribas.

Les comptes publics "sont beaucoup plus sensibles aux évolutions des taux d'intérêt et de l'inflation qu'ils ne l'étaient précédemment", s'est inquiété le ministre des Finances Rishi Sunak une semaine avant la réunion de la BoE.

Face au même problème que la BoE, la Banque centrale européenne a décidé la semaine précédente d'accélérer le rythme de son programme de rachats d'actifs.

Mais "les perspectives économique au Royaume-Uni sont meilleures" qu'en Europe, soulignent les analystes de BNP Paribas, qui estiment donc que la BoE ne touchera pas à son programme.

afp/jh