Cinq des six plus grandes banques canadiennes prévoient une hausse de 75 points de base à 4,0 % après que les données sur l'inflation de la semaine dernière aient été plus élevées que prévu, une autre prévoyant plutôt une hausse de 50 points de base lorsque la décision sera rendue publique à 10 h HE (1400 GMT).

Les marchés monétaires considèrent qu'il y a environ 70 % de chances que la hausse soit plus importante et parient que le taux directeur culminera à 4,5 % au printemps prochain.

"Une autre grosse hausse de 75 points de base est probable... et les décideurs ne sont pas encore prêts à reculer d'un iota", a déclaré Benjamin Reitzes, stratège des taux et de la macroéconomie au Canada chez BMO Marchés des capitaux, dans une note.

La Banque du Canada a augmenté son taux directeur de 300 points de base depuis mars, ce qui en fait l'une des grandes banques centrales les plus agressives et un rythme effréné qui a suscité des inquiétudes croissantes quant au risque de voir l'économie canadienne glisser vers une récession.

La banque centrale publiera mercredi des projections économiques actualisées, qui devraient montrer des perspectives beaucoup plus sombres pour les économies canadienne et mondiale, ainsi que quelques signes d'amélioration sur le front de l'inflation.

"Je pense que nous allons les voir prévoir la baisse de la croissance qu'ils visaient et le rétrécissement de l'écart de production positif", a déclaré Simon Harvey, responsable de l'analyse des devises chez Monex Europe et Monex Canada.

"Je ne pense pas que la Banque du Canada va nécessairement prendre en compte une récession dans son scénario de base, je pense plutôt qu'elle va prévoir une période de stagnation de la croissance", a-t-il ajouté.

L'inflation, quant à elle, a légèrement baissé à 6,9 % en septembre, après avoir atteint un sommet de 8,1 % en juin. C'est mieux que ce que prévoyait la banque centrale en juillet, lorsqu'elle prévoyait que l'inflation se situerait en moyenne autour de 8 % au cours des trimestres intermédiaires de 2022.

Mais les analystes considèrent toujours que le chemin du retour à 2 % est long et accidenté, avec un retour à l'objectif au cours du second semestre 2024. Et les attentes d'inflation à court terme restent une préoccupation, ce qui rend probable que le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, restera bel et bien faucon, du moins pour le moment, ont déclaré les analystes.

"Macklem n'est peut-être pas encore proche d'un pivot, mais il est utile de rappeler que les déclarations des banques centrales ont une courte durée de vie", a déclaré Andrew Kelvin, stratège en chef pour le Canada chez TD Securities, dans une note.

"Il pourrait être plus circonspect d'ici le début du mois de décembre".