Tokyo (awp/afp) - La Banque du Japon a légèrement abaissé vendredi sa prévision de croissance pour le pays sur l'exercice 2021/22, sur fond de recrudescence de l'épidémie de Covid-19, et a présenté les contours de son futur mécanisme financier contre le réchauffement climatique.

La banque centrale japonaise table désormais sur un rebond de 3,8% du produit intérieur brut nippon en 2021/22 (chiffre médian), contre une hausse de 4% anticipée fin avril, selon un communiqué.

Le PIB national avait chuté de 4,6% sur l'exercice écoulé 2020/21, clos au 31 mars.

Parmi les risques pour l'activité économique, la BoJ a sans surprise cité en premier l'impact du Covid-19 au Japon et à l'étranger.

La capitale Tokyo, qui va accueillir les Jeux olympiques à huis clos à partir du 23 juillet, a été replacée en état d'urgence depuis lundi et jusqu'au 22 août. Ce dispositif pèse notamment sur les bars et restaurants, contraints de fermer plus tôt et priés de ne pas servir d'alcool.

"La pression à la baisse sur l'économie japonaise risque d'augmenter à cause de la propagation du Covid-19, incluant des variants", a noté la BoJ.

"D'un autre côté, si le déploiement de la vaccination s'accélère et qu'une demande de rattrapage pour la consommation de services se matérialise de façon anticipée, l'activité économique pourrait s'améliorer plus que prévu", a nuancé l'institution monétaire.

Elle se montre d'ailleurs plus confiante pour 2022/23, tablant sur une croissance de 2,7% (toujours en prévision médiane) contre 2,4% précédemment.

Concernant l'inflation, qui demeure très poussive actuellement au Japon, la BoJ a relevé vendredi ses prévisions pour 2021/22 (+0,6% contre +0,1% précédemment) comme pour 2022/23 (+0,9% contre +0,8% auparavant).

A court terme, l'évolution des prix à la consommation en variation annuelle devrait rester "autour de 0%", notamment du fait de la récente baisse des tarifs de téléphonie mobile au Japon, selon la BoJ.

Mais l'inflation devrait accélérer graduellement avec la hausse des prix de l'énergie et l'amélioration de l'activité économique.

L'institution a laissé vendredi sa politique monétaire inchangée, caractérisée notamment par un taux négatif de 0,1% sur les dépôts des banques auprès d'elle et ses rachats illimités d'obligations publiques japonaises pour maintenir leur rendement à dix ans autour de 0%.

La BoJ a aussi présenté vendredi les grandes lignes de son futur outil financier pour le climat qu'elle avait annoncé par surprise le mois dernier, qui doit être mis en place dès cette année, pour une durée prévue de dix ans.

La banque centrale va proposer par ce biais des financements à taux zéro à des instituts de crédit finançant eux-mêmes des acteurs économiques engagés dans des projets pour l'environnement, par exemple via des obligations vertes.

Les banques qui feront appel à cet outil seront récompensées par la BoJ dans la mesure où elle assortira une partie de leurs dépôts de liquidités auprès d'elle d'un taux d'intérêt de 0%, au lieu d'appliquer son taux standard négatif (-0,1%).

La BoJ rejoint ainsi le club des institutions monétaires ayant intégré la lutte contre le réchauffement climatique dans leurs programmes, comme la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d'Angleterre.

Certains économistes jugeaient toutefois ce nouvel outil de la BoJ moins ambitieux que prévu. Nombre d'entre eux pensaient qu'elle allait offrir une petite prime, comme un taux positif de 0,1%, aux banques qui allaient jouer le jeu.

afp/ck