BRUXELLES, 20 décembre (Reuters) - La Commission européenne a proposé mercredi d'abaisser le niveau de protection du loup en Europe, du statut d'espèce "strictement protégée" à celui d'espèce "protégée", une initiative justifiée selon elle par la population croissante de loups en Europe et les menaces qu'ils représentent pour le bétail.

La présidente de l'exécutif européen Ursula von der Leyen, dont l'un des poneys a été tué par un loup en 2022, a mis en garde en septembre dernier contre le "réel danger" des meutes de loups et demandé le recueil de données sur l'impact de l'augmentation du nombre de ces prédateurs sur le continent.

Une analyse réalisée par l'UE à partir de ces données et publiée mercredi évalue le nombre de loups sur son territoire à environ 20.300, soit un peu plus que les 19.400 individus estimés l'année dernière et bien davantage que les 11.193 estimés en 2012.

Le rapport signale la présence de loups dans tous les États membres de l'UE, à l'exception de l'Irlande, de Chypre et de Malte, et l'existence de meutes reproductrices dans 23 pays.

Cette augmentation du nombre de loups a entraîné des frictions avec les communautés locales d'agriculteurs et de chasseurs au sujet des mesures à prendre pour prévenir les attaques sur le bétail.

Le statut d'espèce "strictement protégée" défini par la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et des habitats naturels protège les loups contre toute chasse ou capture délibérée, à moins qu'ils ne constituent une menace sérieuse pour le bétail ou la santé et la sécurité. Un abaissement de ce statut à "protégé" leur ferait perdre cette garantie.

Le Bureau européen de l'environnement, un réseau de plus de 180 organisations réparties dans 40 pays, a condamné la proposition et l'a jugée "contraire à l'engagement européen en faveur de la protection et de la restauration de la biodiversité".

Selon le BEE, les conflits avec les agriculteurs découlent du fait que les prédateurs sont revenus dans des régions d'Europe où les connaissances et les pratiques de cohabitation avec eux avaient été oubliées.

La modification du niveau de protection du loup est soumise à l'accord des États membres et des autres parties à la convention de Berne, et constitue une condition préalable à toute adaptation similaire de son statut au niveau de l'UE. (Piotr Lipinski ; version française Dagmarah Mackos, édité par Jean-Stéphane Brosse)