Block 1 : Les actualités essentielles

  • Binance : Too big to fail ? 

Le Département de la Justice américain (DOJ) envisage de poursuivre Binance pour fraude, une démarche qui suscite des inquiétudes quant à une éventuelle panique des investisseurs. Malgré les poursuites envisagées, les procureurs cherchent des moyens de maintenir la stabilité du marché tout en punissant l'entreprise. Cela intervient alors que Binance fait face à plusieurs autres accusations, y compris des allégations d'opérations non enregistrées aux États-Unis et des transactions illégales en Chine.

  • Worldcoin bientôt interdit ? 

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) en France s'interroge sur la légalité du projet Worldcoin (WLD), qui recueille des données biométriques (scans d'iris) en échange de jetons WLD. La CNIL souligne que la collecte et le stockage de ces données, considérées comme "sensibles", semblent douteux. Selon la législation française, l'utilisation de données biométriques nécessite un besoin spécifique, le consentement libre de l'utilisateur sans contrepartie financière, et une approbation spécifique. Worldcoin pourrait rencontrer des problèmes pour offrir des jetons en échange de données biométriques. La CNIL a confirmé que la juridiction allemande responsable de Worldcoin a commencé une enquête sur le projet.

  • Tether roule sur les stablecoins

Tether, l'émetteur du stablecoin le plus capitalisé, l'USDT, a rapporté un bénéfice net de 850 millions de dollars pour le deuxième trimestre, augmentant ainsi ses réserves excédentaires à plus de 3,3 milliards de dollars, selon un rapport de BDO Italia. Les réserves de Tether, bien que non vérifiées par un audit financier, sont affirmées comme "extrêmement liquides", avec 85% détenues en espèces ou équivalents. Tether continue de dominer le marché des stablecoins, représentant 66,7% des stablecoins en circulation.

  • MicroStrategy continue d’accumuler des bitcoins

MicroStrategy, dirigée par Michael Saylor, a acquis 467 BTC supplémentaires en juillet, portant son investissement total à 152 800 BTC, soit plus de 4,5 milliards de dollars. La société a même l'intention de vendre des actions pour financer des dépenses opérationnelles et acheter plus de bitcoins. Par ailleurs, MicroStrategy a déclaré un bénéfice net de 22,2 millions de dollars pour le dernier trimestre, mais rappelons que la société a encaissé une perte de plus d'un milliard de dollars pour la même période en 2022. L’entreprise prévoit aussi une croissance des bénéfices grâce à MicroStrategy ONE, une nouvelle plateforme basée sur l'IA. Retrouvez une interview du président de MicroStrategy sur ce sujet ci-dessous.

 

Block 2 : L’Analyse Cryptique de la semaine

Le DeFi, ou finance décentralisée, symbole de disruption de la finance traidtionnelle, est confronté à une crise de foi. Dans un épisode dramatique survenu lundi, une série de cyberattaques sur diverses plateformes DeFi, notamment sur la très influente Curve Finance, a propulsé son fondateur Michael Egorov sous les feux de la rampe. Ses prêts personnels importants, contractés à hauteur de centaines de millions de dollars, étaient au bord de la liquidation.

Pas de panique ! Si  jamais ça peut vous rassurer, aucun jeton n'a fait faillite ni aucun protocole n'a été abandonné - même si cela aurait pu arriver. Et pour le coup, ce n'est pas une agence de régulation comme la SEC qui a envoyé DeFi dans des turbulences systémiques, mais la DeFi elle-même. 

Revenons sur les faits. Egorov, qui a joué un rôle clé dans le lancement de Curve, l'une des bourses décentralisées les plus utilisées de la DeFi, avait, avant les séries d’attaques de cette semaine, utilisé un effet de levier important sur ses jetons CRV.

Par exemple, sur Aave, un protocole de prêt ouvert, Egorov a mis en jeu environ 34 % de l'ensemble de l'offre de jetons CRV pour extraire 63 millions de dollars en stablecoins. Au total, il a prêté 460 millions de jetons CRV, soit 47 % de l'offre totale, en échange de 110 millions de dollars.

Les cyberattaques de ce début de semaine ont exercé une pression à la baisse sur ces prêts. Plus précisément, si le prix des CRV avait chuté en dessous d'environ 0,35 dollar, cela aurait déclenché une liquidation automatique de la garantie d'Egorov. La "spirale de la mort" qui en aurait résulté - une série de liquidations forcées poussant le prix du CRV de plus en plus bas - aurait pu avoir des implications dévastatrices pour le secteur DeFi, étant donné l'utilisation extensive du CRV comme garantie dans tout l'écosystème.

Grâce à une série de négociations en coulisses avec des personnes influentes de l’écosystème, dont Justin Sun, fondateur de TRON, ce désastre a été évité. Egorov a réussi à rembourser une partie de sa dette et à soutenir le prix du CRV, qui se négocie actuellement autour de 0,60 $.

CRV/USD
Zonebourse

Cependant, de nombreux observateurs ont appelé à l'intervention de personnalités influentes, comme le PDG d'Aave, Stani Kulechov. Il ne s'agissait pas nécessairement d'un arrêt du protocole, mais d'un éventuel recours à un fonds d'assurance de Aave ou de l'activation d'un module de sécurité dans des circonstances désastreuses. 

Il est important de noter qu'Egorov n'a commis aucune transgression. Il a respecté les règles de diverses plateformes de prêt, reproduisant ainsi des stratégies populaires de la DeFi. Mais désormais, la finance décentralisée, qui a frôlé un cataclysme, soulève des questions difficiles.

Pourquoi Egorov a-t-il été autorisé à accumuler près de la moitié de l'offre totale de CRV ? Pourquoi personne n’est-il intervenu plus tôt ? Et pourquoi les protocoles de prêt comme Aave ou Fraxlend n'ont-ils pas plafonné le nombre ou le pourcentage de jetons que les utilisateurs peuvent emprunter ? 

Il semble que DeFi, malgré ses protocoles innovants et open-source, soit toujours en proie aux mêmes problèmes fondamentaux que la finance traditionnelle. La cupidité est omniprésente et personne ne peut le nier. 

Le récit aurait pu facilement être conçu pour dépeindre Egorov comme le héros, naviguant magistralement dans une crise financière, remboursant miraculeusement un prêt de 5,13 millions de cryptomonnaies FRAX en stablecoins, ce qui pourrait presque être assimilé à un mallette de billets retrouvée entre les coussins du canapé. Mais cet épisode est tout sauf héroïque. Cela soulève énormément de questions cruciales pour le développement de l’écosystème de la finance décentralisée.

Si la DeFi était autrefois animée d'un esprit révolutionnaire, elle semble aujourd'hui fermement contrôlée par une poignée d'acteurs majeurs. Si elle a jamais véritablement défié le statu quo, elle semble aujourd'hui largement de moins en moins convaincante pour le détenteur lambda de cryptomonnaies, englouti par les frais de transaction et les complexités d'éléments tels que l”impermanent loss”

L'attitude cavalière à l'égard des crises régulières du secteur et la normalisation d'événements, tels que la disparition de 70 millions de dollars comme ce fût le cas avec ce triste épisode de la cryptosphère, suggèrent une tendance déconcertante au sein de la communauté DeFi. En posant un regard neutre, entre celui du profane et celui du prophète de la finance décentralisée, force est de constater que tout ne tourne pas rond dans cette sphère financière. Faut-il que jeunesse se passe avant d’atteindre la maturité financière dans la DeFi ? Peut-être, mais à quel prix et jusqu’à quand ? Seul l’avenir nous le dira. 

Block 3 : Tops & Flops

Palmarès des cryptomonnaies
(Cliquez pour agrandir)

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Block 4 : Lectures de la semaine

Pourquoi les professionnels de la conformité des paiements doivent prendre le contrôle (Wired, en anglais)

J’ai regardé dans l’orge de Sam Altman et tout ce que j’ai eu était cette moche crypto (Wired, en anglais)

Pourquoi CZ voulait fermer Binance.US (The Information, en anglais)

Monnaie, conflit et ordre mondial (Project Syndicate, en anglais)

La crypto est illégale en Chine. Binance y fait quand même 90 milliards de dollars d’affaires. (WSJ, en anglais)