PARIS, 5 juillet (Reuters) - La France a rapatrié ce mardi
35 mineurs français et 16 mères qui se trouvaient dans des camps
du nord-est de la Syrie, a annoncé le ministère des Affaires
étrangères.
Sept enfants isolés figurent parmi ces personnes rapatriées,
a précisé le Parquet national antiterroriste (Pnat).
"Les mineurs ont été remis aux services chargés de l'aide à
l'enfance et feront l'objet d'un suivi médical. Les mères ont
été remises aux autorités judiciaires compétentes", déclare le
Quai d'Orsay dans un communiqué.
Sur les 16 femmes rapatriées - dont 14 sont françaises, les
deux autres ayant des enfants français - "huit ont été placées
en garde à vue en exécution d'un mandat de recherche, huit font
l'objet d'un mandat d'arrêt", a fait savoir le Pnat dans un
communiqué distinct.
Selon une source policière, Emilie Koenig, 36 ans - qui
apparaissait sur des vidéos de propagande de l'Etat islamique et
figurait sur la liste noire de l'Onu - se trouve parmi les
femmes ayant été rapatriées mardi matin. Ses trois enfants
avaient déjà été rapatriés en janvier 2021, avec son accord,
note-t-on de même source.
L'un des mineurs "qui sera majeur dans les jours qui
viennent" fait également l'objet d'une garde à vue, en raison de
l'existence d'"éléments susceptibles de caractériser sa
participation à une association de malfaiteurs terroriste",
ajoute le Pnat.
"PREMIÈRE"
"C'est la première fois que la France rapatrie des enfants
avec leurs mères des camps de prisonniers syriens", souligne
dans un communiqué le collectif Familles unies, qui regroupe
notamment des proches d'enfants de djihadistes français détenus
dans des camps en Syrie.
Tout en saluant cette annonce, le collectif précise que
"cette première opération doit sonner le glas d'une politique
inhumaine qui dure depuis des années".
Le gouvernement français refusait jusqu'à présent
d'envisager le rapatriement de Françaises ayant rejoint en Syrie
ou en Irak les rangs du groupe Etat islamique, estimant qu'elles
devaient pouvoir être jugées sur place. Pour les enfants, les
décisions sur le retour en France étaient prises au cas par cas.
Selon le collectif, il reste encore environ 150 enfants et
leurs mères dans le camp de prisonniers de Roj, dans le nord-est
de la Syrie.
"L'urgence est désormais de rapatrier tous les enfants avec
leurs mères", comme le demandent "depuis des années" des
instances nationales et internationales (Onu, Unicef, CICR, etc)
ainsi que de nombreuses associations de victimes du terrorisme,
note Familles unies en réclamant un engagement public des
autorités françaises en ce sens.
Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'homme
et Familles unies, ont appelé les autorités françaises à
rapatrier ces enfants et leurs mères, dans une tribune datée du
23 mai dernier, déplorant que la dernière opération de
rapatriement organisée par la France date de janvier 2021.
(Rédigé par Myriam Rivet, avec la contribution d'Alain Acco,
édité par Kate Entringer et Jean-Stéphane Brosse)