MOSCOU, 30 août (Reuters) - Le Kremlin a déclaré mercredi que l'enquête sur l'accident d'avion qui a coûté la vie à Evguéni Prigojine n'excluait pas la possibilité que le crash de l'appareil ait été causé délibérément, reconnaissant pour la première fois explicitement l'hypothèse d'un assassinat.

"Il est évident que différentes versions sont envisagées, y compris la version - vous savez de quoi nous parlons - d'une atrocité délibérée", a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

"Attendons les résultats de l'enquête russe", a-t-il ajouté.

Le jet privé Embraer à bord duquel le chef de Wagner se rendait de Moscou à Saint-Pétersbourg s'est écrasé le 23 août, tuant les dix personnes à bord, dont deux autres responsables de Wagner, quatre gardes du corps et trois membres d'équipage.

La cause de la chute de l'appareil n'est pas encore établie et des témoins ont déclaré à Reuters qu'ils avaient entendu une détonation suivie du crash de l'avion.

La mort d'Evguéni Prigojine, enterré mardi lors d'une cérémonie privée en périphérie de Saint-Pétersbourg, a eu lieu exactement deux mois après la brève rébellion des combattants de Wagner contre le commandement militaire russe, la menace la plus importante à l'encontre du président Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 1999.

La Russie a prévenu le Centre brésilien d'enquête et de prévention des accidents aéronautiques (CENIPA) qu'elle n'ouvrirait pas, "pour l'instant", d'enquête obéissant aux règles internationales sur l'accident d'avion qui a coûté la vie à Evguéni Prigojine.

"Tout d'abord, l'enquête est en cours, le comité d'enquête s'en occupe", a commenté Dmitri Peskov. "Dans ce cas, il ne peut être question d'un quelconque aspect international".

Dans une déclaration peu habituelle de sa part, le Comité intergouvernemental d'aviation (IAC), qui supervise les enquêtes sur les incidents aéronautiques dans plusieurs anciennes républiques soviétiques dont la Russie, a annoncé qu'il n'enquêtait pas sur cet accident, ajoutant qu'il ne ferait aucun commentaire sur les "circonstances de l'incident". (Rédigé par Guy Faulconbridge ; version française Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)