par Sakari Suoninen et Padraic Halpin

A Varsovie, il a assuré que le projet de la BCE de racheter 60 milliards d'euros d'obligations sécurisées ne remettrait pas en cause cet objectif, répondant ainsi implicitement aux critiques formulées en début de semaine par la chancelière allemande Angela Merkel.

Avec la multiplication des signes d'une atténuation de la récession, les mesures exceptionnelles prises par les Banques centrales pour relancer la croissance commencent à susciter des interrogations.

"Des mesures ont été prises en totale conformité avec le cadre de notre politique monétaire et notre objectif premier de maintenir la stabilité des prix", a expliqué Trichet lors d'une conférence économique. "La crise n'a pas changé cet objectif."

Comme prévu, la BCE a maintenu jeudi ses taux inchangés et Trichet a estimé qu'ils se situaient à un niveau "approprié" pour le moment.

Le président de la BCE a indiqué vendredi que les mesures de liquidité prises par la banque centrale commençaient à porter leurs fruits sur le marché monétaire européen.

LES TAUX DE LA BCE PAS NÉCESSAIREMENT AU PLUS BAS

"Alors même que les anticipations d'inflation restent globalement ancrées sur le long terme à des niveaux compatibles avec la stabilité des prix, nos mesures montrent des signes de renouveau dans le fonctionnement des marchés monétaires en Europe", a-t-il noté.

"Une fois que l'environnement macroéconomique se sera amélioré, le Conseil des gouverneurs fera en sorte que les mesures prises puissent être rapidement dénouées et la liquidité fournie absorbée. Ainsi, toute menace envers la stabilité des prix sur les moyen et long termes sera contrée efficacement en temps opportun."

Dans le même temps, John Hurley, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE et gouverneur de la Banque centrale d'Irlande, déclarait que les taux européens n'avaient pas nécessairement atteints leurs plus bas et que les décisions futures seraient prises en fonction des données économiques.

"Nous devons étudier les données lorsqu'elles sont publiées et prendre nos décisions par rapport à elles", a-t-il dit à Dublin.

"Nous savons que l'année 2009 sera difficile avec notamment une contraction importante. La reprise prendra du temps, elle sera graduelle mais nous en verrons sans doute les fruits dès 2010".

Au Japon, Atsushi Mizuno, membre du conseil de politique monétaire de la Banque du Japon, a estimé que les banques centrales allaient devoir expliquer aux marchés comment elles prévoyaient de mettre un terme aux mesures non conventionnelles prises pour lutter contre la récession.

Selon le texte rendu public vendredi d'un discours qu'il a prononcé à la fin du mois dernier, Mizuno a notamment souligné que la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre pourraient rencontrer des difficultés pour y parvenir compte tenu de l'ampleur des rachats d'actifs auxquels elles ont procédé.

STRATÉGIES DE SORTIE DE CRISE

"Certains peuvent estimer qu'il est trop tôt pour discuter des stratégies de sortie (de crise) (...)", explique Mizuno, "mais il est important d'évoquer de manière exhaustive l'objectif des mesures non conventionnelles et une stratégie de sortie de crise afin d'éviter de potentiels désagréments comme la hausse des taux d'intérêt à long terme (...) ou la baisse excessive de la monnaie".

La Fed et la Banque d'Angleterre sont à la pointe des rachats de dette souveraine et de papiers commerciaux. La Banque centrale américaine prévoit notamment de racheter pour 300 milliards de dollars (214 milliards d'euros) d'emprunts du Trésor et la BoE a lancé un programme de rachat d'actifs à hauteur de 125 milliards de livres d'actifs (143 milliards d'euros).

Dans une interview publiée vendredi, le président de la Réserve fédérale d'Atlanta, Dennis Lockhart, a appelé la Fed à agir de manière anticipée et à ne pas attendre trop longtemps avant de durcir sa politique monétaire.

Le marché étant de plus en plus préoccupé par une hausse éventuelle de l'inflation, la Fed pourrait relever son principal taux d'intéret tout en maintenant sa politique monétaire expansionniste, a dit Lockhart.

"Nous n'y sommes pas encore", a-t-il toutefois précisé à Market News International.

Avec Mark Felsenthal, Tetsushi Kajimoto, Leika Kihara et Hideyuki Sano, version française Nicolas Delame et Gwénaëlle Barzic