Wall Street est attendue dans le rouge et les Bourses européennes reculent nettement à mi-séance lundi, les nouveaux échanges tendus entre les Etats-Unis et la Chine sur l'origine de la pandémie de coronavirus, qui menacent de raviver la guerre commerciale entre les deux pays, alimentant l'aversion au risque sur fond de récession historique de l'économie mondiale.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse d'environ 1%.

À Paris, le CAC 40 perd 3,91% à 4.393,43 points à 11h00 GMT après avoir cédé jusqu'à 4,59%. A Londres, le FTSE 100 cède 0,12% et à Francfort, le Dax recule de 3,35%.

L'indice EuroStoxx 50 est en repli de 3,57%, le FTSEurofirst 300 de 2,23% et le Stoxx 600 de 2,46%.

A l'exception de Londres, les grandes places boursières européennes étaient fermées le 1er mai et rattrapent donc le retard pris sur les marchés anglo-saxons (le Footsie a perdu 2,34% vendredi, le S&P 500 2,81%). Le Stoxx 600 efface ainsi près de la moitié de son rebond d'avril (+6,24%).

Les déclarations de Mike Pompeo, le chef de la diplomatie des Etats-Unis, selon lesquelles Washington dispose de multiples preuves que le nouveau coronavirus provient d'un laboratoire chinois ont suscité de vives réactions à Pékin, où la presse proche du pouvoir accuse l'administration Trump de mener "une guerre de propagande".

Jeudi, Donald Trump avait évoqué la possibilité de représailles commerciales contre la Chine pour sanctionner son rôle dans la propagation du nouveau coronavirus.

Alors que les indicateurs économiques continuent de souligner l'ampleur du choc d'activité en cours, cette résurgence des tensions commerciales est de nature à remettre en cause l'espoir d'une reprise à partir du troisième trimestre, qui a favorisé le rebond des actions ces dernières semaines.

"Les investisseurs se rendent compte que le rallye d'avril pourrait avoir été construit sur un optimisme exacerbé quant à la fin de la crise, et même si aucun moteur baissier ne semble assez puissant pour envoyer les prix en dessous des plus bas enregistrés en mars de cette année, il est toujours possible qu'il y ait une très forte correction en mai", commente Pierre Veyret, analyste technique chez ActivTrades.

La semaine qui débute fournira de nouvelles occasions de tester la confiance des investisseurs puisqu'elle sera encore animée par une pluie de résultats en Europe comme aux Etats-Unis, avant le rapport mensuel sur l'emploi américain.

VALEURS EN EUROPE

Aucun compartiment de la cote européenne n'échappe au repli et parmi les baisses les plus marquées figurent les secteurs les plus sensibles aux tensions commerciales: celui du pétrole et du gaz perd 5,32%, celui de l'automobile 5,1%, celui des hautes technologies 3,62%.

Au sein du CAC 40 parisien, Airbus chute de 6,63%, ArcelorMittal de 6,8% et Total de 7,58%.

Air France-KLM abandonne 6,28% malgré le feu vert de la Commission européenne au soutien financier apporté aux groupes par l'Etat français. Les compagnies aériennes dans leur ensemble souffrent de l'annonce par Warren Buffett, le très influent président du conglomérat américain Berkshire Hathaway, de la vente par ce dernier de toutes ses participations dans le secteur.

Le sidérurgiste allemand ThyssenKrupp recule de 13,78% après la lettre de la direction aux salariés soulignant le risque de nouvelles tensions sur les finances du groupe, déjà en difficulté avant la crise du coronavirus.

Parmi les rares hausses notables du jour, Telefonica gagne 4,09% après avoir confirmé la tenue de discussions en vue d'un rapprochement entre sa filiale britannique O2 et Virgin Media.

TAUX

Le repli sur les valeurs refuges profite aux emprunts d'Etat américains: le rendement des Treasuries à dix ans recule de plus de trois points de base à 0,6037%.

Mais les rendements européens, eux, sont en hausse avec les craintes d'une reprise plus lente qu'anticipé initialement: celui du Bund allemand à dix ans remonte à -0,557% et son équivalent français à -0,06% .

CHANGES

L'aversion pour le risque et la recherche de liquidité favorisent le dollar américain, qui prend 0,32% face à un panier de devises de référence.

L'euro revient sous 1,0940 dollar après avoir atteint vendredi un pic d'un mois à 1,1017.

Le yuan chinois, lui, a touché un plus bas de six semaines face au billet vert à 7,1555.

PÉTROLE

Le marché pétrolier continue de souffrir des craintes d'une baisse prolongée de la demande malgré la levée très progressive des mesures de confinement, un risque auquel s'ajoute la tension entre Washington et Pékin.

Le Brent abandonne 2,91% à 25,67 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 6,62% à 18,47 dollars.

Les nouvelles prévisions de Goldman Sachs ne suffisent pas à raviver l'optimisme: la banque a relevé ses prévisions de cours 2021, à 55,63 dollars contre 52,50 pour le Brent et à 51,38 contre 48,50 pour le WTI.

(Marc Angrand)