En préambule, je tiens à préciser le terme "pièce" qui sera mentionné dans cet article. Une pièce correspond à certaine quantité de bitcoins.
Exemple : vous détenez 0.235 bitcoins dans votre portefeuille. Si vous les vendez, on peut considérer que vous "remettez en circulation vos pièces bitcoins dans le réseau". La plus petite unité de mesure de bitcoin est le "satoshi" qui correspond à : 0,00000001 bitcoin. Découvrons maintenant la dormancy de Bitcoin.

La dormancy prend en compte deux indicateurs : la destruction qui correspond au nombre total de jours de détention d’une pièce au moment de sa destruction (vente) et le volume qui, lui, correspond au nombre total de pièces déplacées via la blockchain :

Ce ratio permet de mettre en exergue le nombre de jours moyen pendant lesquels chaque pièce déplacée est restée en sommeil, autrement dit sans bouger. Ainsi, plus le taux de dormancy est élevé, plus les pièces déplacées à l’instant T sont anciennes en moyenne. Ce qui induit donc que les vieilles mains remettent leurs bitcoins en circulation. On comprend donc que la dormancy fait référence à la destruction dépensée par rapport au volume de transaction.

Une symétrie redoutable : accumulation et distribution

L’accumulation est souvent considérée par les périodes où la smart money achète des pièces bon marché aux spéculateurs en panique (capitulation), alors que la distribution est considérée comme la vente des pièces onéreuses par les vieilles mains aux spéculateurs avides de gains rapides (euphorie). En somme, nous pouvons considérer que la période d’accumulation correspond aux phases de creux de marché et la distribution aux phases de pics du marché. A présent, établissons différents scénarios pour chaque composante :

Destruction :

  • Une destruction élevée est baissière : les vieilles mains remettent les pièces en circulation.
  • Une destruction faible est neutre : les vieilles mains ne détruisent pas leurs pièces, elles les maintiennent mais cela n’implique pas que de nouveaux acheteurs arrivent.

 Volume :

  • Un volume élevé est neutre : cela indique qu’un nombre important de transactions est réalisé entre les acheteurs et les vendeurs.
  • Un volume faible est baissier : cela implique une absence de la demande pour l’actif.

La dormancy intègre toutes ces possibilités en une seule mesure, en comparant les deux composantes du ratio à tout moment, et en les affichant dans une oscillation simple par laquelle, sur une base tendancielle, une dormancy élevée est baissière et une dormancy faible est haussière.

Dormancy / Cours du Bitcoin (2009-2021)
Source : Glassnode

La dormancy affichée de manière journalière n’est pas assez représentative pour pouvoir comprendre d’un coup d'œil la tendance actuelle du marché. Pour éviter de mal interpréter ces faux positifs, il est plus intéressant, à mon sens, d'utiliser la dormancy en examinant les tendances continues de l'oscillateur (lissées par les médianes ou les moyennes mobiles) par opposition à son bruit quotidien (trading journalier). La dormancy prend tout son sens lorsque celle-ci est représentée par une moyenne mobile :

Dormancy Flow / Cours du Bitcoin (2009-2021)
Source : Glassnode

Ici le flux de dormancy est calculé en divisant la capitalisation actuelle du marché par la valeur de dormancy annualisée (USD), comme suit :

Lorsque la valeur du réseau reste élevée par rapport à la moyenne mobile annuelle de sa dormancy réalisée en USD, le marché haussier peut être considéré comme "sain", puisque le prix reste élevé par rapport au comportement de dépense annualisé du marché. Lorsque la valeur de la dormancy dépasse la capitalisation du marché aux niveaux longitudinaux les plus bas, le marché peut être considéré comme en pleine capitulation, autrement dit une bonne zone d'achat historique. En revanche, lorsque la valeur de la moyenne mobile annuelle de la dormancy tend vers le nord, cela induit une destruction de plus en plus importante des pièces en sommeil. Son créateur David Puell estime que cette métrique est utile pour “déterminer les creux du marché et évaluer si le marché haussier reste dans des conditions relativement normales. Il permet de confirmer si le bitcoin est dans une tendance primaire haussière ou baissière.”

Pour finir, je tiens à vous présenter un graphique qui couple deux indicateurs. On commente après :

CDD-90 / Dormancy Flow / Cours du Bitcoin (2009/2021)
Source : Glassnode

Dans un article précédent, nous avions présenté une autre métrique qui accordait également de l’importance aux détenteurs long terme, il s’agit de la CDD-90 : “90D Coin Days Destroyed” (Lien pour découvrir cet indicateur : ici) qui est représentée par la somme mobile sur 90 jours de nombre de jours-pièces qui ont été détruites. Si nous la couplons avec la dormancy présentée dans cet article, nous pouvons en déduire un indicateur qui a su se révéler particulièrement efficace dans le passé pour les phases d’accumulation notamment. Lorsque les deux métriques se mettent à plat et se croisent, autrement dit que les détenteurs de vieilles pièces maintiennent leur position sans les dépenser à un niveau extrêmement faible, elles se révèlent être des zones d’achat optimales (du moins par le passé).

L’analyse des données “on-chain” permettent de comprendre et de visualiser les comportements des acteurs du marché en fonction de leurs anciennes positions. Cette étude ne peut pas à elle seule confirmer une tendance. L’étude du prix, de la macro, des caractéristiques de chaque actif, de la cyclicité du marché, de la volatilité entre autres, sont autant de facteurs à prendre en compte. En revanche, force est de constater que l’étude “on-chain” se révèle particulièrement efficace pour déceler les creux et les pics sur Bitcoin. A l’heure où j’écris ces lignes, la dormancy évolue sur des niveaux relativement bas en comparaison de ce qu’on a pu connaître par le passé. Je me dois de finir cet article par le célèbre adage boursier : “Les performances passées ne préjugent pas des performances futures”.