PARIS, 20 octobre (Reuters) - Les relations entre la France et l'Allemagne, déstabilisées par la guerre en Ukraine et la crise énergétique, doivent faire l'objet d'un "reset" (réinitialisation) afin de former une alliance plus solide entre les deux premières économies de la zone euro, a estimé jeudi le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.

"La guerre en Ukraine, la question du gaz et l'énergie, et la question chinoise, doi(ven)t nous amener à une redéfinition stratégique des relations entre la France et l'Allemagne", a jugé Bruno Le Maire, germanophone et germanophile convaincu, lors d'un débat économique organisé par le cabinet de juristes d'affaires ARC jeudi à Paris.

Le ministre, qui a évoqué des relations actuellement "difficiles" entre les deux pays, a jugé nécessaire de "fai(re) un 'reset' sur un certain nombre de points", ce qui permettrait de "créer une alliance nouvelle, peut-être encore plus forte.

Généralement moteur des initiatives politiques à l'échelle européenne, le couple franco-allemand a été mis à l'épreuve ces derniers mois par une série de divergences d'approche et un nouveau cap a été franchi mercredi avec un nouveau report du conseil des ministres conjoint franco-allemand prévu la semaine prochaine.

Pour Bruno Le Maire, les tensions ont notamment été alimentées par le fait que la guerre en Ukraine a incité l'Allemagne à se tourner vers les Etats-Unis, alors que la France a préféré défendre la "souveraineté européenne".

L'arrêt des livraisons de gaz russe à l'Europe a également remis en question le modèle énergétique de l'Allemagne en soulignant sa dépendance, tandis que la France donnait un nouvel élan à son programme nucléaire, a-t-il poursuivi.

Enfin, l'Allemagne est pénalisée par le ralentissement économique de la Chine, qui pèse sur ses exportations industrielles, a souligné Bruno Le Maire.

Plusieurs responsables français n'ont pas caché leur agacement ces dernières semaines face à des initiatives allemandes qualifiées d'"unilatérales", comme la mise en place d'un bouclier tarifaire de 200 milliards d'euros pour faire face à la flambée des prix de l'énergie ou encore la création d'un bouclier antimissile avec d'autres pays européens.

L'opposition française à la relance du projet - abandonné en 2019 - de gazoduc MidCat (Midi-Catalogne) destiné notamment à permettre la distribution du gaz algérien via les Pyrénées a également été mal perçue outre-Rhin. (Reportage Leigh Thomas, version française Myriam Rivet, édité par)