Si les industriels sont plus optimistes concernant leur production passée, ils font état de perspectives moins favorables pour les prochains mois, en particulier dans le secteur automobile qui avait largement profité des incitations à l'achat mises en place par les gouvernements.

L'indicateur synthétique du climat des affaires calculé par l'Insee a baissé d'un point à 89 alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une progression à 91. Celui de novembre initialement annoncé inchangé à 89 a en revanche été révisé en hausse à 90.

L'indice s'était redressé d'une vingtaine de points en quelques mois après avoir touché un plus bas de 69 en mars - niveau le plus faible depuis la création de l'enquête en 1976 - mais il marque le pas depuis octobre à une dizaine de points sous sa moyenne de longue période (100).

"Il y a vraiment eu un rebond temporaire lié au dynamisme du marché automobile et également à un retournement des stocks durant l'été, mais là on a dès le quatrième trimestre au mieux une quasi stagnation de l'activité industrielle", s'inquiète Olivier Gasnier, économiste à la Société générale.

Le solde mesurant les perspectives personnelles de production s'est dégradé à -7 contre -4 en novembre, et celui qui concerne les perspectives générales - qui représentent l'opinion des industriels sur l'activité de l'ensemble de l'industrie - retombe à -11 contre -9.

Dans le seul secteur automobile, qui a un poids d'environ 10% dans l'industrie et représente 2% du produit intérieur brut, le solde sur les carnets de commandes étrangers chute de 18 points à -64 et celui qui concerne les perspectives de production en lâche quatre à 12.

EXTRÊME DÉPENDANCE

Olivier Gasnier y voit la conséquence de l'arrêt, en septembre, de la prime à la casse en Allemagne qui avait dopé les exportations françaises au deuxième trimestre. En France, le dispositif n'est pas supprimé brutalement comme en Allemagne mais il sera allégé au 1er janvier.

"Tout cela souligne de nouveau l'extrême dépendance de l'amélioration qu'on a observée dans l'industrie à ce qui s'est passé dans l'industrie automobile", remarque l'économiste de la Société générale.

L'Insee, qui a publié jeudi soir sa note de conjoncture trimestrielle, reconnaît que le caractère hésitant du climat conjoncturel dans l'industrie pose la question de la pérennité de la reprise.

"Depuis six mois on avait dans les enquêtes de conjoncture auprès des chefs d'entreprise un redressement très marqué et continu, homogène dans la plupart des pays avancés", a déclaré Sandrine Duchêne, responsable de la note de conjoncture, lors d'une conférence de presse jeudi.

"Or ce mouvement d'ensemble de reprise marque le pas depuis quelques semaines. Globalement le message véhiculé par les enquêtes de conjoncture à l'heure actuelle est plutôt celui d'un ralentissement de l'activité que d'une accélération."

L'institut de la statistique écarte toutefois le scénario d'une rechute de l'activité, privilégiant celui d'une reprise "laborieuse et fragile" (plus de détails ).

La production manufacturière avait augmenté de 2,3% au troisième trimestre, après une progression de 1,2% au deuxième, grâce notamment à un bond de 9,9% dans l'automobile.

La note de conjoncture de l'Insee prévoit une progression limitée à 0,9% au quatrième trimestre et qui ralentirait encore à +0,4% lors des deux premiers trimestres de 2010.

"Au total, sur l'ensemble de l'année 2009, la baisse de la production manufacturière resterait conséquente (-11%). Mais l'acquis de croissance pour 2010 à l'issue du deuxième trimestre serait nettement positif (+2,8%)", écrit l'Insee.

Véronique Tison, avec James Mackenzie