(Actualisé avec détails sur Philippe)

BRUXELLES, 3 juillet (Reuters) - Le roi des Belges, Albert II, a annoncé mercredi qu'il abdiquerait le 21 juillet, jour de la fête nationale en Belgique, en faveur de son fils Philippe.

Agé de 79 ans, le souverain dit ne pas "vouloir (se) maintenir en exercice à tout prix, sans être en mesure d'assumer pleinement (son) rôle".

"Je constate que mon âge et ma santé ne me permettent plus d'exercer mes fonctions comme je le voudrais", a-t-il dit dans une allocution radiotélévisée à la nation.

"C'est donc avec sérénité et avec confiance que je vous fait part de mon intention de démissionner le 21 juillet en faveur du prince héritier, mon fils Philippe", a-t-il ajouté.

Né le 6 juin 1934 et père de trois enfants, Albert II est arrivé sur le trône à l'âge de 59 ans, le 9 août 1993, après le décès de son frère Baudouin, qui n'avait pas d'héritier direct.

Si le rôle du roi des Belges, qui n'a aucun pouvoir exécutif, est largement symbolique, il constitue néanmoins un facteur d'unité pour la Belgique, pays fédéral où les prérogatives des gouvernements régionaux se sont élargies sous la pression des indépendantistes flamands.

Albert II a notamment joué un rôle de premier plan dans la préservation de la cohésion du pays lors de la crise gouvernementale qui a paralysé les institutions en 2010-2011.

Sur le plan sociétal, le sixième roi des Belges a promulgué en 2003 une loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe. Il a également promulgué une loi qui autorise sous certaines conditions l'euthanasie active, ainsi qu'une loi plus souple à l'encontre des détenteurs de cannabis pour leur consommation privée.

"Le prince Philippe est bien préparé pour me succéder", a assuré le souverain au sujet de son fils de 53 ans.

Albert II n'avait, lui, jamais été préparé à succéder à son frère Baudouin, dont la mort subite en 1993 avait précipité les choses.

C'est Philippe qui avait été couvé par Baudouin, qui le destinait au trône, mais les autorités du pays ne l'avaient à l'époque pas jugé prêt à régner.

En Flandres, de nombreux hommes politiques ont souvent mis en doute les qualités de Philippe à régner et dénoncé les défauts supposés de ce prince au néerlandais hésitant, jugé comme le représentant des francophones.

LE PRÉCÉDENT NÉERLANDAIS

En 1991, Herman Liebars, grand maréchal de la cour de 1974 à 1981, résumait dans un article du quotidien flamand De Morgen le sentiment dominant du palais royal sur ce prince timide : "Hij kan het niet" ("il n'en est pas capable").

Son mariage en 1999 avec la très populaire princesse Mathilde, avec laquelle il a eu quatre enfants, a considérablement amélioré son image et les nombreuses missions commerciales qu'il a dirigées à l'étranger l'ont endurci.

L'abdication d'Albert II intervient six mois seulement après l'annonce de celle de la reine Beatrix des Pays-Bas, qui a transmis le 30 avril le pouvoir à son fils aîné, Willem-Alexander, premier roi à monter sur le trône d'Orange depuis plus de 120 ans.

Agée de 75 ans, Beatrix avait annoncé en janvier son intention d'abdiquer après 33 ans de règne, assurant que son fils, à 46 ans, était "prêt, à tous les niveaux" à lui succéder.

En 1999, les médias belges ont révélé qu'Albert II avait eu un troisième enfant, une fille, lors d'une aventure extra-conjugale survenue dans les années 1960. Le palais royal n'a jamais confirmé cette information.

Delphine Boël dit être la fille non reconnue du souverain. Selon son avocat, elle a cité au mois de juin le roi Albert II, le prince Philippe et la princesse Astrid à comparaître devant le tribunal de première instance de Bruxelles pour tenter de faire reconnaître qu'elle est bien la fille du roi des Belges.

(Robert-Jan Bartunek, Hélène Duvigneau et Bertrand Boucey pour le service français. Avec Yves Clarisse)