Charley Grant,

The Wall Street Journal

NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Lorsque tout le monde achète, la meilleure stratégie consiste souvent à vendre.

Les opérations de fusions-acquisitions vont bon train dans le secteur de la santé, à en croire les données de Dealogic, qui évalue à plus de 140 milliards de dollars le montant des opérations annoncées au cours des trois derniers mois. La semaine dernière, les laboratoires Sanofi et Celgene ont annoncé des acquisitions d'une valeur totale combinée d'environ 20 milliards de dollars, dans le sillage d'autres opérations réalisées entre autres dans le secteur hospitalier, dans celui de l'assurance maladie, de la gestion des régimes d'assurance médicaments et des agences de personnel médical.

Ces dernières annonces ont déclenché un rebond effréné des valeurs biotechnologiques, en grande partie parce que les deux OPA affichent des primes très élevées.

Ce lundi, Sanofi a poursuivi son offensive pour construire une position de premier plan dans les maladies rares du sang, en rachetant la biotech gantoise Ablynx (ABLX.BT) pour 3,9 milliards d'euros en numéraire. Or le groupe français a conclu avec Ablynx un accord définitif pour racheter la firme belge au prix de 45 euros par action, contre un dernier cours coté de 37,12 euros.

Acheter ou vendre, un dilemne pour Big Pharma

Pour les patrons du secteur pharmaceutique, l'alternative est la suivante : se jeter dans la course aux actifs de qualité, donc assez rares, et courir le risque de détruire de la valeur pour l'actionnaire en payant trop cher, ou bien profiter de cette nuée d'acheteurs potentiels pour recentrer leurs portefeuilles en scindant des actifs au profit de leurs actionnaires.

Les scissions opérées dans le secteur de la santé depuis 2013 se sont élevées au total à près de 118 milliards de dollars, selon Dealogic, soit une petite fraction du volume total des opérations de fusions-acquisitions réalisées au cours de cette période, qui s'est établi à plus de 2.000 milliards de dollars. Compte tenu de la récente performance de ces sociétés scindées, il ne serait pas très surprenant que la tendance s'accélère.

Des actionnaires généralement gagnants

Bioverativ, le spécialiste américain des traitements contre l'hémophilie que Sanofi compte acquérir pour 11,6 milliards de dollars, soit 105 dollars par action, a par exemple été scindé voilà un peu plus d'un an par Biogen pour environ 45 dollars par action. Baxalta, ancienne division biopharmaceutique de Baxter International, avait pour sa part été scindée avant d'être vendue à Shire en 2016. Les actionnaires de Baxalta ont obtenu un rendement d'environ 45% en six mois de cotation.

La nouvelle spin-off n'a pas besoin de trouver un repreneur pour réussir. Abbott Laboratories affichait une valorisation boursière de près de 100 milliards de dollars juste avant la scission de son activité pharmaceutique, AbbVie, en 2013. Aujourd'hui, les deux sociétés valent à elles deux 270 milliards de dollars.

Le secteur de la santé regorge actuellement d'exemples d'activités diverses réunies sous un même toit qui gagneraient à suivre leur propre voie. Le suisse Novartis, par exemple, a-t-il intérêt à maintenir dans son giron son activité de médicaments génériques aux côtés de son pôle d'innovation médicale ? Merck doit-il continuer à miser à la fois sur son activité de santé animale et sur son activité de santé humaine ? Pfizer, qui a déjà renoncé par le passé à séparer ses activités de médicaments génériques et de médicaments sous brevets, devrait-il revoir sa position ?

Cette année, les entreprises qui décideront de se confronter à de genre d'épineuses questions auront une bonne chance de sortir du lot.

-Charley Grant, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH - VLV