La Bourse de Londres est par ailleurs lésée par la progression de la livre sterling en réaction à l'évocation d'un report de la date prévue pour le Brexit. La Première ministre britannique Theresa May vient d'annoncer l'organisation d'un second vote sur l'accord de retrait d'ici au 12 mars. Si le Parlement rejette un "no deal", un vote aura lieu le 14 mars sur une "extension courte et limitée" de la période de négociation fixée par l'Article 50 des traités européens, et donc un report du Brexit. A Wall Street, les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse entre 0,2% et 0,3%. À Paris, le CAC 40 perd 0,17% à 5.222,86 points vers 13h00 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,17% et à Londres, le FTSE abandonne 1,13%, à un plus bas d'une semaine.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 0,18%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro se replie de 0,2% et le Stoxx 600 cède 0,09%.

L'annonce par Donald Trump du report du relèvement, initialement prévu vendredi prochain, des droits de douane sur les produits chinois importés aux Etats-Unis, a permis aux indices de la zone euro de grimper lundi à un pic de plus de quatre mois. Au-delà des prises de bénéfices, le repli des actions s'explique également par une certaine prudence des investisseurs sur le dossier du commerce.

"D'un côté, c'est bien d'avoir ces signaux positifs. Mais d'un autre côté, la distance qui nous sépare actuellement d'un accord conclu et signé reste importante, ce n'est pas quelque chose qui arriverait dans les mois à venir", a indiqué Chris Gannatti, responsable de la recherche chez WisdomTree.

Les investisseurs se tournent désormais vers l'audition du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, par la commission bancaire du Sénat prévue à 15h00 GMT.

"Le marché recherchera des signes que la Fed reste confortable avec sa politique actuelle", indique Steven Dooley, stratège sur les changes chez Western Union Business Solutions. "Le marché voudra aussi entendre des détails sur un éventuel arrêt du programme de réduction du bilan de la Fed". LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Dans les échanges avant-Bourse à New York, la chaîne de magasins de bricolage Home Depot perd 3% après la publication d'un chiffre d'affaires trimestriel moins bon que prévu.

Tesla recule également de 3% en avant-Bourse, de nouveau sous la menace d'un conflit entre son imprévisible directeur général Elon Musk et la Securities and Exchange Commission, le gendarme de Wall Street.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, la séance reste en outre animée par les publications de résultats. A Paris, PSA enregistre la plus mauvaise performance du CAC (-2,59%) après avoir publié des résultats records en 2018 mais néanmoins inférieurs aux attentes pour le chiffre d'affaires et le bénéfice net.

Thales (-1,7%) n'a pas non plus convaincu en dépit de résultats annuels en hausse, le chiffre d'affaires étant notamment ressorti en deçà des attentes.

A l'inverse, BASF avance de 4,15% après des résultats trimestriels légèrement meilleurs que prévu et une prévision jugée rassurante pour 2019. Le chimiste allemand a par ailleurs annoncé le lancement de la vente de son activité pigments.

En dehors du bal des publications, les distributeurs britanniques Marks & Spencer et Ocado gagnent respectivement 3,03% et 9,80% après avoir annoncé être en discussion pour lancer un service de livraison alimentaire. L'indice Stoxx de la distribution signe la plus forte progression sectorielle à la mi-journée : +1,33%.

Toujours à Londres, le transporteur aérien IAG, propriétaire des compagnies British Airways et Iberia, signe l'une des plus fortes baisses du Stoxx 600 avec un repli de 4,16%, le fournisseur d'indice MSCI ayant annoncé qu'il comptait retirer la valeur de son indice espagnol.

A Paris, Société générale (-1,59%) est affectée par l'abaissement du conseil de Jefferies à "neutre" contre "achat", l'intermédiaire financier mettant en avant le manque de visibilité sur la solvabilité de la banque en dépit du repositionnement de la division de banque d'investissement et des cessions d'actifs.

CHANGES

L'indice dollar recule de 0,09% face à un panier de devises internationales, proche d'un plus bas de vingt jours, en attendant le témoignage de Jerome Powell au Sénat américain.

De son côté, la livre sterling bondit de 0,72% à 1,3189 dollar, après avoir touché un plus depuis le 10 octobre à 1,3237, les cambistes ayant réagi dans un premier temps à des informations de presse évoquant un report du Brexit, un scénario que Theresa May n'a pas exclu mardi devant le Parlement.

La Première ministre britannique a néanmoins précisé qu'un report du Brexit n'excluait pas l'option d'un "no deal", ce qui a quelque peu atténué les gains de la devise britannique.

"Bien qu'un report (…) ne résout rien en soi, les marchés sont soulagés par le fait qu'un tel geste retarderait un scénario du "bord du gouffre"", a déclaré Michael Brown, analyste chez Caxton.

L'euro est dans le même temps quasiment inchangé face au dollar, autour de 1,1360.

TAUX Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, revient à l'équilibre après être tombé sur le seuil de 0,10%.

Celui de l'OAT française a touché un plus bas depuis novembre 2016 à 0,506%, un analyste mettant en avant l'affaiblissement du mouvement des "Gilets jaunes" et le regain de popularité du président Macron comme un élément de soutien.

Outre-Atlantique, le rendement des Treasuries à dix ans recule de près de deux points base, à 2,655%, après avoir progressé jusqu'à 2,684% la veille.

PÉTROLE

Les cours du brut sont en légère progression après avoir chuté de plus de 3% la veille, pénalisés par des déclarations de Donald Trump qui a, une nouvelle fois, jugé les prix trop élevés.

Certains intervenants du marché estiment que l'Arabie saoudite et les autres pays membres de l'Opep devraient maintenir leur réduction de production malgré les propos contrariant du président américain.

"Le royaume saoudien va-t-il bouger et augmenter sa production ou du moins la stabiliser ? (...) Juste deux semaines après avoir annoncé des coupes plus importantes de la production, ce serait une capitulation", a déclaré Tamas Varga chez PVM.

Le baril de Brent repasse les 65,4 dollars et celui du brut léger américain (WTI) progresse autour de 55,7 dollars.

MÉTAUX

Le cours du palladium a touché un record mardi, au-delà de 1.550 dollars l'once, la menace d'une grève des mineurs en Afrique du Sud ayant nourri les craintes déjà fortes sur l'offre.

De son côté, le cours du cuivre recule légèrement après avoir touché 6.540 dollars la tonne la veille, un plus haut depuis le 4 juillet, grâce aux espoirs de résolution durable du différend commercial.

(Avec Tom Finn and Tommy Wilkes à Londres, édité par Blandine Hénault)

par Laetitia Volga