SOULAIMANIYA, Irak, 20 août (Reuters) - Les Kurdes irakiens pourraient renoncer à l'organisation d'un référendum sur leur indépendance, prévu le 25 septembre, en échange de concessions financières et politiques de la part du gouvernement de Bagdad, indique un haut responsable kurde.

Une délégation kurde est actuellement en visite dans la capitale irakienne pour y entendre les propositions qui pourraient conduire à un report de ce scrutin, a déclaré Mala Bakhtiar, secrétaire général du bureau politique de l'Union patriotique du Kurdistan (PUK).

Les Etats-Unis et plusieurs pays occidentaux craignent que cette initiative référendaire ouvre un nouveau conflit avec le pouvoir en place à Bagdad mais également avec les pays voisins que sont la Syrie, la Turquie et l'Iran au moment où la priorité est donnée à la guerre contre le groupe Etat islamique.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a officiellement demandé, il y a dix jours, au président du gouvernement régional du Kurdistan, Massoud Barzani, de reporter le référendum.

"Qu'est-ce que Bagdad serait prêt à consentir à la région (kurde)" en échange de ce report ? a déclaré Mala Bakhtiar, résumant les discussions qui se déroulent depuis plusieurs jours entre la délégation kurde, le gouvernement irakien et la coalition chiite au pouvoir.

Sur le plan économique, Bagdad devrait aider les Kurdes à faire face à leur crise financière et à régler le problème de la dette du gouvernement autonome, estimée entre 10 et 12 milliards de dollars, soit le montant du budget annuel de la région autonome. Cela concerne le paiement de contractants publics, de fonctionnaires et de miliciens peshmergas dont les salaires n'ont pas été acquittés en totalité depuis plusieurs mois.

Sur le plan politique, Bagdad devrait s'engager à régler la question de certaines zones contestées comme celle de la région pétrolifère de Kirkouk où vivent également des communautés arabes et turkmènes.

Les Kurdes font valoir qu'ils ont besoin de nouveaux revenus en raison des coûts croissants induits par la guerre contre le groupe Etat islamique et par les déplacements de populations sur les territoires qu'ils administrent.

Ces propositions doivent être transmises par la délégation kurdes aux différentes formations politiques afin de déterminer si elles sont suffisantes pour justifier un report du référendum, a précisé Bakhtiar.

"Nous n'accepterons pas de reporter le référendum sans quelque chose en échange et sans qu'une autre date soit fixée pour sa tenue", a-il expliqué.

Les Kurdes tentent d'obtenir un Etat indépendant depuis la Première guerre mondiale lorsque les puissances coloniales ont divisé le Moyen-Orient mais leur territoire s'étend sur certaines régions de la Turquie, de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie, tous opposés à l'apparition d'un nouveau pays. (Maher Chmaytelli; Pierre Sérisier pour le service français)