Le volume des M&A au niveau mondial a atteint 842 milliards de dollars (740 milliards d'euros) sur la période avril-juin, selon des données préliminaires publiées par Refinitiv, reculant de 13% et 27% par rapport respectivement au premier trimestre de 2019 et au deuxième trimestre de 2018.

Si les incertitudes entourant les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et la peur d'une confrontation militaire entre les Etats-Unis et l'Iran pèsent sur la confiance des entreprises, celle-ci est en partie apaisée par des marchés financiers dynamiques, qui permettent de grandes acquisitions.

Le nombre total d'opérations est revenu à son plus bas niveau trimestriel depuis la crise de 2008 et aurait été encore plus faible sans les très grosses opérations américaines, selon les données Refinitiv.

"La grande majorité des opérations de transformation d'une valeur de plus de 10 milliards de dollars ont eu lieu aux Etats-Unis. Cela signifie que l'Europe est à la traîne et que si les entreprises américaines doublent de taille, leurs homologues européennes risquent de perdre leur avantage concurrentiel", a conclu le co-responsable mondial des M&A de JP Morgan, Hernan Cristerna.

Parmi les principales opérations conclues ce trimestre, il y a la fusion de 121 milliards de dollars entre la division aéronautique de United Technologies avec l'entreprisede défense Raytheon, le rachat d'Allergan par le groupe américain Abbvie pour 63 milliards de dollars ou encore l'acquisition d'Anadarko par Occidental Petroleum pour 38 milliards de dollars.

Alors que l'activité M&A aux Etats-Unis a baissé seulement de 3% par rapport à l'an dernier, revenant 466 milliards de dollars ce deuxième trimestre, les opérations en Europe et Asie ont plongé respectivement de 54% et 49% pour s'établir à 152 milliards de dollars et 132 milliards.

Dans un contexte de résistance politique et d'inquiétudes liées au contrôle réglementaire, des tentatives de mégafusions européennes, comme le rapprochement de Fiat Chrysler Automobiles et Renault ou encore celui de la Deutsche Bank et le Commerzbank, ont échoué.

Les opérations transfrontalières de M&A ont également souffert des tensions commerciales.

"La facilité avec laquelle les entreprises ont abordé la mondialisation a décliné. Les modèles régionaux et le réalignement des chaines d'approvisionnement nationales se substituant aux autres modèles", a déclaré Cary Kochman, un des responsables du M&A chez Citigroup.

Les fusions & acquisitions réalisées par des sociétés de capital-investissement ont bondi pour atteindre 136 milliards de dollars, résultat presque sans précédent.

Certains banquiers d'affaires affirment qu'une future hausse du nombre d'opérations pourrait être liée à une plus grande confiance que les petites entreprises accorderaient désormais au M&A après cette vague de grosses opérations.

"Ce que nous avons vu jusqu'à présent cette année, c'est un nombre constant de grosses transactions et tous les signes suggèrent que cela va continuer", a dit le responsable des M&A américaines de Morgan Stanley, Tom Miles.

"Mais ce qui commence aussi à se produire, c'est que les petites et moyennes entreprises, qui étaient réticentes à l'idée de conclure des opérations au début de l'année, se sentent désormais suffisant confiance dans le contexte économique pour envisager des M&A", a ajouté Tom Miles.

(Emma Cruz pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Greg Roumeliotis et Pamela Barbaglia