BUDAPEST, 13 novembre (Reuters) - Le département d'Etat américain a annoncé lundi l'ouverture d'un fonds destiné à aider les médias indépendants en Hongrie, qu'il juge soumis à des pressions et de l'intimidation de la part du gouvernement de Viktor Orban.

Au pouvoir depuis 2010, le dirigeant nationaliste a fortement accru le contrôle de l'Etat sur les médias par le biais de changements législatifs, de mesures régulatoires et du rachat d'organes de presse par des hommes d'affaires qui lui sont proches.

Le programme dévoilé par le département d'Etat américain est doté de 700.000 dollars (environ 600.000 euros) qui seront disponibles à partir de mai 2018. L'argent servira à former et équiper des journalistes.

Il est surtout destiné aux zones rurales, où les sources d'information émanent principalement des médias publics contrôlés par le gouvernement et d'une poignée de médias proches du Fidesz, le parti au pouvoir.

"Les Etats-Unis ont exprimé leurs préoccupations concernant la liberté de la presse en Hongrie à de multiples reprises, en public comme en privé", a commenté le département d'Etat dans un communiqué envoyé par courriel à Reuters. "La Hongrie s'est engagée à faire respecter ces normes."

Le gouvernement de Budapest n'a pas fait de commentaire.

Le chargé d'affaires David Kostelancik, plus haut diplomate américain actuellement en poste à Budapest, s'est inquiété le mois dernier d'une érosion du pluralisme des médias en Hongrie.

"Il y a encore des médias indépendants et d'opposition qui sont capables de faire du journalisme avec une large liberté éditoriale", a-t-il dit. "C'est une bonne chose. Cependant, leur nombre se réduit et ils sont confrontés sur le marché publicitaire à des obstacles auxquels ne sont pas confrontés les médias pro-gouvernementaux."

"Ils font face à des pressions et de l'intimidation (...). En conséquence, de moins en moins de Hongrois sont exposés à un débat et une discussion solides, ce qui est si important, et même fondamental, dans une démocratie représentative."

Levente Magyar, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, avait alors rejeté "toutes les déclarations portant sur les affaires intérieures de la Hongrie et se fondant sur une présentation tendancieuse". (Marton Dunai, Krisztina Than; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)