par Suleiman Al-Khalidi

AMMAN, 26 décembre (Reuters) - Les chrétiens d'Alep ont fêté Noël dans une ville désertée par les rebelles pour la première fois en cinq ans et nombre d'entre eux saluent un retour de la paix, quelques jours après la reprise totale d'Alep par les forces du régime.

La prise d'Alep représente la plus grande victoire militaire du gouvernement contre les insurgés en près de six ans de guerre civile et a déclenché la liesse des partisans de Bachar al Assad.

Dans le même temps, la fin de la bataille de la grande ville du Nord a forcé à l'exode les civils d'Alep-Est, ancien bastion rebelle. Des groupes humanitaires ont mis en garde du danger qui guette ces réfugiés alors qu'un hiver rigoureux s'est abattu sur la région, causant la mort de plusieurs enfants.

Dans la cathédrale Saint-Elie, endommagée lors des combats dans la vieille ville d'Alep, des prêtres ont célébré samedi une messe de minuit inédite depuis cinq ans devant des dizaines de fidèles et notamment des officiers russes.

"L'ambiance de fête est formidable. C'est une nouvelle naissance pour Jésus-Christ et une nouvelle naissance pour la ville d'Alep", estime George Bakhash, un chef de file de la communauté chrétienne. Le nombre de fidèles se rendant à l'église a fortement augmenté depuis que la peur des tirs rebelles s'est effacée, rapporte-t-il.

Une grande partie des chrétiens de Syrie soutient le gouvernement. De confession alaouite, branche du chiisme, Bachar al Assad est vu comme un protecteur contre des combattants rebelles principalement issus du sunnisme, branche majoritaire de l'islam en Syrie.

ILLUMINATIONS A ALEP, DES COMBATS AUX ALENTOURS

Dans les quartiers d'Alep contrôlés de longue date par le gouvernement, relativement préservés, les restaurants étaient pleins jusque tard dans la nuit à l'occasion des festivités.

Dans le quartier d'Aziziya, des centaines de personnes ont dansé sous un grand sapin de Noël, à nouveau éclairé après plusieurs années d'obscurité depuis la prise d'Alep-Est par les rebelles en 2012. Des portraits géants de Bachar al Assad et de son allié le président russe Vladimir Poutine étaient accrochés dans la ville.

Pour de nombreux chrétiens, l'émergence de groupes djihadistes comme l'Etat islamique menace l'existence même de leur communauté. Selon le dirigeant communautaire George Bakhash, la population chrétienne d'Alep est passée depuis le début du conflit de 250.000 à 50.000 personnes.

Les rebelles contrôlent encore près de 40 % des territoires de la province d'Alep et continuent de viser la ville sporadiquement par des tirs d'obus.

Des frappes aériennes russes ont repris vendredi sur les zones rebelles dans la campagne autour d'Alep, ainsi que dans la province d'Idlib, à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest, où ont trouvé refuge certains alépins.

Sept réfugiés qui avaient fui la ville ont été tués dans des bombardements à Atarib, à l'ouest, rapporte un habitant. (Avec Firas Maqdisi à Damas; Julie Carriat pour le service français)