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Des fonds souverains du Golfe Persique pourraient entrer au capital d'Areva, de Porsche ou d'Opel : doit-on s'en réjouir ou le redouter ? L'un des fonds souverains de Singapour, qui avait renfloué Merill Lynch avant son rachat par Bank of America, vient de vendre sa participation : que faut-il en penser ? Flash sur ces investisseurs particuliers, sous forme de réponses aux questions que vous vous posez.

data-zoomable="true" Quelle est la taille des fonds souverains ? Elle est très difficile à connaître, pour plusieurs raisons. D'abord, ces véhicules d'investissement étatiques ne recouvrent pas une catégorie d'investisseurs bien définie présentant tous les mêmes caractéristiques. Selon certains, la notion recouvre tous les actifs possédés ou contrôlés par les Etats. Pour d'autres, il convient d'en exclure les fonds de pension, les entreprises publiques, les fonds exclusivement investis en actifs domestiques, ceux qui sont financés par emprunts ou qui ne sont pas juridiquement distincts des banques centrales, etc.

Ce qui est sûr, c'est que ces investisseurs sont extrêmement divers, dans leurs ressources, leurs objectifs, leur stratégie, leur portefeuille, leur cadre institutionnel et leur taille. Ceci dit, selon la définition que j'en donne dans mon ouvrage, il est possible d'estimer leurs actifs sous gestion à un montant global compris entre 3000 et 4000 milliards de dollars en 2008, probablement réduit à 2500-3500 milliards de dollars du fait de la crise.

data-zoomable="true" Les fonds sont-ils utilisés pour recycler l'argent sale ?Aucun élément ne vient étayer cette crainte. Les ressources des fonds souverains proviennent des excédents commerciaux ou budgétaires de leurs Etats d'origine. L'on peut distinguer deux grandes familles de fonds : d'une part, les fonds que j'appelle de « rente minière », dont les richesses proviennent des exportations de matières premières, pétrole notamment : ce sont les fonds du Moyen-Orient, de Russie et d'Amérique Latine ; d'autre part, les fonds de « rente monétaire », appartenant à des pays où le taux d'épargne est élevé : ce sont les fonds de Chine et d'Asie du Sud-Est.

data-zoomable="true" Y a-t-il des fonds souverains dans les pays développés ? On ne le sait pas toujours, mais les Etats-Unis, le Canada et la Norvège possèdent des fonds souverains, alimentés par les revenus du pétrole de ces pays ; l'Australie et la Nouvelle-Zélande en sont également dotées. La France quant à elle a un moment envisagé de faire de la Caisse des Dépôts une sorte de fonds souverain ; mais le Fonds Stratégique d'Investissement -FSI- qui est né de cette réflexion présente peu de points communs avec eux ; l'on peut en revanche s'interroger sur la question de savoir si le Fonds de Réserve pour les Retraites -FRR- n'en est pas un.

data-zoomable="true" Quand sont apparus les fonds souverains ? Certains fonds importants existent depuis longtemps, tels que celui du Koweït établi en 1953 ou le fonds Temasek de Singapour créé en 1974. Mais la plupart se sont développés plus récemment, en conséquence d'un double phénomène.

Dans les Etats de rente minière, les chocs pétroliers et le tarissement des réserves d'hydrocarbures ont montré la nécessité tout à la fois de se prémunir contre la volatilité des prix et de faire profiter les générations futures d'une source de richesse ; tels sont les principaux objectifs assignés aux fonds souverains de ces Etats. Dans les pays asiatiques, c'est la crise économique et financière de 1997-1998 qui les a conduits à un renforcement de leur politique budgétaire et à un développement fondé sur les exportations ; leurs fonds souverains sont chargés de faire fructifier les réserves en devises considérables qu'ils ont accumulées en conséquence.

data-zoomable="true" Quels sont les liens entre fonds souverains et finance islamique ? La finance islamique désigne un ensemble d'instruments financiers conformes à la charia. Elle s'est développée en même temps et à la faveur des mêmes phénomènes que les fonds souverains. Là s'arrête toutefois l'analogie. Même les fonds originaires de pays musulmans n'ont pas ou peu recours aux produits de finance islamique et ne s'interdisent pas d'investir dans des secteurs prohibés par celle-ci, tels que celui des jeux.

data-zoomable="true" Les chercfonds souverains hent-ils à prendre le contrôle de nos entreprises stratégiques ? L'étude des faits montre que les fonds souverains investissent principalement en titres à revenu fixe et en actions cotées. Lorsqu'ils investissent dans des entreprises, ils prennent le plus souvent des participations minoritaires et se comportent comme des investisseurs stables et passifs. En outre, les pays dans lesquels ces fonds investissent ont des législations qui leur permettent de contrôler les opérations de ces derniers qui porteraient atteinte à la sécurité ou à l'intérêt national.

data-zoomable="true" Les fonds souverains peuvent-ils aider l'Occident à sortir de la crise ? Les fonds souverains, de par le montant significatif de leurs liquidités et leur horizon d'investissement à long terme, peuvent investir en période de tension financière. De fait, ils participent au recyclage des capitaux et contribuent au financement de l'économie mondiale en réallouant les excédents de leurs Etats vers les pays déficitaires. En outre, ils ont massivement investi dans le secteur bancaire en difficulté lors de la crise des subprimes. Mais, depuis que celle-ci s'est muée en crise économique et planétaire, les pays émergents ont eux aussi été contaminés et ont sollicité leurs fonds souverains pour renflouer l'économie de leur région d'origine.

data-zoomable="true" Les fonds souverains sont-ils des investisseurs comme les autres ? Les fonds souverains sont contrôlés par des Etats qui disposent des moyens de puissance publique et ne sont pas tous démocratiques. Lorsque le prix du baril de pétrole remontera et que les exportations de biens asiatiques repartiront, les fonds souverains retrouveront leur puissance de frappe. Il ne peut être exclu que ces fonds, tout comme les entreprises publiques, ne soient utilisés à des fins stratégiques ou géopolitiques, par exemple pour sécuriser les approvisionnements énergétiques de leur pays d'origine ou acquérir les technologies et le savoir-faire qui manquent à ces pays.

Il faut donc demeurer vigilant. A cet égard, le secret souvent conservé par les fonds souverains sur leurs moyens et leurs aspirations entretient la méfiance. Le code de bonne conduite adopté sous l'égide du FMI fin 2008 par de nombreux fonds, en ce qu'il entend améliorer leur niveau de transparence et la qualité de leur gouvernance, va dans le bon sens. Tout dépend maintenant de l'application que les fonds en feront.

- 26 Mai 2009 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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