PARIS (awp/afp) - Confortés par le soutien des banques centrales et en partie rassurés sur le dossier commercial, les marchés européens pourraient s'offrir une pause estivale la semaine prochaine avant les réunions monétaires et les résultats fin juillet.

"Il va y avoir beaucoup moins de catalyseurs les prochains jours, avec notamment peu de statistiques. Il pourrait donc y avoir un peu d'attentisme avant d'entrer dans la période des résultats", anticipe auprès de l'AFP Isabelle Enos, conseillère en investissement financier chez BNP Paribas Banque Privée.

"C'est un peu une période transitoire pour les investisseurs, qui ont beaucoup de choses à digérer avant les publications d'entreprises de mi-année, où les chefs d'entreprises pourront donner une visibilité plus grande", poursuit-elle.

Les réunions de la Banque centrale européenne le 25 juillet et de la Réserve fédérale américaine les 30 et 31 juillet sont les autres points de mire des marchés.

"Le mois de juin a été brillant, mais nous sommes finalement revenus là où nous étions début mai, avant que les postures de Donald Trump ne fassent craindre des répercussions sur l'économie mondiale", souligne pour sa part auprès de l'AFP Didier Saint-Georges, membre du comité d'investissement chez Carmignac.

"L'espoir est revenu avec la poignée de main entre les présidents américain et chinois au G20 d'Osaka, estime-t-il, mais il faut garder à l'esprit que ce n'est pas un long fleuve tranquille. Aujourd'hui, les marchés sont globalement confiants, mais les interrogations sont néanmoins permanentes sur la capacité des banques centrales à transformer le ralentissement de l'économie en atterrissage en douceur".

"Dans cette forme d'équilibre assez fragile", les indicateurs clés ou les chocs extérieurs peuvent vite bouleverser la tendance, selon lui.

La publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis en a fourni une bonne illustration, les chiffres meilleurs qu'attendu suscitant des questions autour de l'attitude de la Fed.

Le dossier commercial sino-américain, grand facteur d'incertitude, va également rester, pour ne pas changer, au coeur de l'attention.

"Les marchés se sont satisfaits de la reprise des négociations, mais elles ne seront pas pour autant simples", observe Mme Enos.

Donald Trump et Xi Jinping sont convenus d'une trêve, après une rencontre au G20 ce week-end, et de la reprise des négociations commerciales après un brutal coup d'arrêt donné par les Américains au printemps, alors qu'un accord semblait à portée de main.

Les discussions "sont de nouveau sur les rails", a assuré mardi un conseiller pour le commerce du président américain. Mais, dans l'intervalle, les tarifs douaniers restent en place.

La bonne surprise de la BCE

Selon Mme Enos, le pétrole sera également surveillé. "Même s'il y a eu un prolongement de l'accord de réduction de la production décidé par l'Opep et ses alliés, il y a toujours des inquiétudes liées à la croissance qui pèsent sur le pétrole car cela pose la question de la demande à venir".

Entre le sommet du G20 ou celui de l'Opep, la semaine passée a été dense même si in fine les variations ont été assez limitées.

La Bourse de Londres a profité pour sa part d'un nouvel affaiblissement de la livre sterling, sapée par les incertitudes autour du nom du futur Premier ministre britannique et du Brexit à venir.

La principale surprise est venue surtout des nominations européennes.

Après 48 heures de marchandages, les dirigeants européens se sont entendus mardi sur leur casting pour diriger l'Union européenne, qui verra deux femmes occuper pour la première fois deux postes clés: la ministre allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne et la Française Christine Lagarde à celle de la BCE.

L'arrivée de cette dernière, perçue comme accommodante, et donc dans la lignée des dernières orientations impulsées par son prédécesseur, a été accueillie très favorablement par les marchés.

"Paradoxalement, même si l'indice parisien notamment s'est installé à ses plus hauts annuels, les volumes ont baissé, comme si nous étions déjà au coeur de l'été", relève en outre Mme Enos.

Et elle n'exclut pas qu'avec plus de 18% de hausse depuis le début d'année, "certains investisseurs soient tentés de prendre quelques bénéfices, mais avec prudence".

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