par Michael Georgy

BEYROUTH, 8 août (Reuters) - A Beyrouth, où l'on fouille encore les décombres des immeubles ravagés par l'explosion de mardi, le deuil cohabite avec la colère d'une population exaspérée par un pouvoir qu'elle accuse de passivité.

La déflagration de mardi a tué 154 personnes et en a blessé au moins 5.000 autres et ramené la capitale libanaise des années en arrière, les rues jonchées de gravats.

Pour ces Beyrouthins qui s'efforcent de nettoyer leurs logements dévastés, l'oligarchie libanaise les a une fois de abandonnés et certains d'entre eux manifesteront leur exaspération ce samedi place des Martyrs, haut lieu de la contestation.

"Le peuple fait votre travail, la honte !", dit un message tracé du doigt sur une vitre poussiéreuse.

Selon le Premier ministre et la présidence libanaise, quelque 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, un matériau qui entre à la fois dans la composition d'engrais et d'explosifs, ont été stockées pendant six ans dans un hangar du port de Beyrouth sans véritables mesures de sécurités.

Michel Aoun, a annoncé vendredi que l'enquête étudierait la piste de la négligence mais aussi celle de l'attentat ou de l'intervention extérieure, écartant au passage la demande d'enquête internationale réclamée jeudi par son homologue français Emmanuel Macron. Vingt personnes ont pour l'heure été interpellées, a dit le chef d'Etat libanais.

La France co-organisera dimanche une visioconférence réunissant les donateurs afin de coordonner l'aide internationale, a fait savoir l'Elysée ce samedi. (version française Nicolas Delame)