Londres (awp/afp) - Les anciens traders Tom Hayes et Carlo Palombo, qui ont écopé de peines de prison pour avoir manipulé le taux interbancaire Libor, ont vu leur condamnation confirmée en appel mercredi.

Le texte de la décision du juge de la Cour d'appel de Londres David Bean, consulté mercredi, indique que "les deux appels sont rejetés".

La Cour d'appel "a maintenu les condamnations de Tom Hayes et Carlo Palombo pour manipulation des taux de référence interbancaires Libor et Euribor", a renchéri l'agence britannique de lutte contre la criminalité financière (SFO) sur son compte X (ex-Twitter).

La Commission de révision des affaires pénales britannique avait à nouveau porté l'affaire devant la Cour d'appel après une décision de la justice américaine en 2022 annulant des condamnations similaires visant d'autres traders.

Les audiences avaient commencé il y a deux semaines.

M. Hayes, ancien trader des banques UBS et Citigroup aujourd'hui âgé de 44 ans, avait été reconnu coupable par un jury du tribunal de Southwark en août 2015 et initialement condamné à 14 ans de prison. Il avait vu sa peine réduite à 11 ans en appel en décembre de la même année, et avait bénéficié d'une libération anticipée en 2021.

Le SFO accusait Tom Hayes d'avoir orchestré de septembre 2006 à septembre 2010 un système de collusion avec des traders des banques suisse UBS et américaine Citigroup, mais aussi avec ceux d'autres établissements, afin d'influencer à leur avantage le niveau du Libor.

Pour se défendre, l'ex-courtier avait expliqué à l'époque que la manipulation du taux était "monnaie courante" dans l'industrie financière. Ses avocats avaient aussi fait valoir qu'il souffrait du syndrome d'Asperger, un trouble autistique.

Le dossier de M. Hayes était examiné aux côtés de celui d'un ancien trader de Barclays, Carlo Palombo, 45 ans et condamné en 2019 à 4 ans de prison pour manipulation de l'Euribor, l'équivalent en euro du Libor.

M. Hayes a qualifié de "choc" la décision du juge Bean et a dit qu'il tenterait de porter son cas à la Cour suprême britannique.

Le Libor, soit le "London Interbank Offered Rate", a longtemps été un taux interbancaire de référence dans le monde de la finance, ayant une incidence sur une masse énorme de produits financiers dont certains prêts aux ménages et aux entreprises. Controversé après de nombreux scandales, un processus de suppression progressive de ce taux a été mis en place fin 2021.

Le SFO rappelle sur X avoir mené des enquêtes qui ont débouché sur "neuf condamnations" liées aux manipulations du Libor, qui à son pic sous-tendait les taux d'intérêt liés à produits financiers valant environ 350.000 milliards de dollars.

Les manipulations Libor survenues dans la foulée de la crise financière, ont généré un scandale international et ont généré des condamnations à de la prison pour plusieurs traders et de lourdes amendes bancaires.

afp/al